Prendre un café après manger. [PV Frantz] (Public Averti)

Clara but quelques gorgées et laissa une trace de lèvres se graver sur la tasse. Lentement, elle reposa son café dans une petite coupelle. Elle esquissa un sourire à son interlocutrice, puis enfourna un morceau de chocolat dans sa bouche. C'était tellement bon ! Avec avidité, elle se lécha le bout des doigts. Les sucreries ou le chocolat étaient son péché mignon, si bien qu'elle scruta celui qui se trouvait à côté de sa voisine. Cette dernière était sa collègue depuis trois jours. Apparemment, elle s'appelait Alessa Bouvier, avait une vingtaine d'années et n'avait rien dit d'autre. Le secrétariat de la piscine n'avait pas voulu lui donner de détails croustillants telle que sa mort. Or, Clara adorait tout savoir sur ses collaborateurs. Le fait qu'on la prive d'informations était réellement frustrant. C'est pour cela qu'elle avait invité Alessa à prendre un café. Il fallait qu'elle en sache plus.

« Alors, tu habites dans le coin ? » demanda-t-elle en reprenant du café.

La brunette répondit avec un visage radieux. Elle ne semblait absolument pas mal à l'aise. Les mains triturant le sachet de chocolat, Clara la dévisagea. L'inconnue était assez mignonne : son corps était élancé et elle avait de beaux cheveux. Avec les reflets du jour, on aurait dit que sa chevelure était aussi douce que du poil animal. Elle n'était pas aussi jolie que la maître nageuse qu'elle remplaçait, toutefois elle semblait pédagogue. Hier, elle s'était bien débrouillée. Clara l'avait vue donner des cours d'aquagym à une dizaine de petits vieux. La demoiselle avait fait preuve de patience et d'humour, les vieillards l'avaient adorée. Il était évident qu'elle allait garder son nouveau poste. Mais pour l'heure, le plus important était de grappiller des informations à son sujet.

« Oui, j'ai un appartement très sympathique. Si tu veux, demain on ira boire un thé chez moi. »
« Euh oui, pourquoi pas. »
« Super ! Je nous ferai un cake. »
« Ah, bonne idée, j'adore les gâteaux ! »

Ravie de la proposition, Clara afficha un large sourire. Miam ! Elle allait manger un gâteau demain ! Rien qu'à cette idée, elle en salivait déjà. De son côté, Alessa agitait une cuillère dans son cappuccino. Elle était contente de discuter avec l'une de ses collègues, cela voulait dire que sa nouvelle vie n'était pas plus mal que ça. En réalité, elle avait mis beaucoup de temps avant de se sentir à l'aise dans cet univers. D'après ce qu'on lui avait dit, un homme avait jugé bon de la ressusciter pour lui donner une seconde chance. Au départ, elle avait mal encaissé cette révélation. Un éclair l'avait donc tuée avec Frantz !? On ne lui avait pas dit si le jeune homme avait eu sa chance. Malgré ses questions, on l'avait laissée dans le doute.

« Et sinon, ton travail te plaît ? » questionna la grosse blonde en face d'elle.
« Oui, l'ambiance est agréable. Je n'ai pas eu le temps de faire connaissance avec les autres, mais les nageurs sont gentils. Lorsque j'ai eu à réprimander des enfants qui faisaient les idiots près du bord, ils m'ont écoutée sans rechigner. Pour le moment, je n'ai pas eu de problème. »
« Tant mieux... Et sinon, tu es morte comment ? »
« Pardon ? »

L'hybride reluqua sa collègue avec ahurissement. Cette question était-elle sérieuse ? A ses yeux, c'était quelque chose d'intime, elle ne comptait pas le révéler à autrui. Après avoir levé un regard insistant, elle lâcha :

« Je préfère être franche avec toi : mon décès est une affaire personnelle. Ca ne regarde que moi. Je te serais grée de ne pas m'embêter avec ça. A vrai dire, je ne sais pas si ce sujet est banal dans ce monde, cependant je ne suis pas prête à en discuter. »

Sur les traits de la femme rondelette, la déception était plus importante que la colère. La métis s'en fichait, car elle trouvait que sa question était déplacée. Elle ne supportait pas les personnes intrusives qui manquaient de tact. Il était évident qu'un décès ne laissait pas insensible... Il aurait été étrange d'en parler avec joie. Quoi qu'il en soit, elle ne comptait pas s'excuser pour ce revirement de conversation.

« D'accord, si c'est ce que tu veux. » maugréa la maître nageuse en se jetant sur le carré de chocolat de sa collègue.
« Oui, je ne changerais pas d'avis. »

Un silence gênant gagna la table. On n'entendait que les mastications de la gourmande. La brune soupira et détourna la tête avec regret. Frantz lui manquait, elle espérait qu'il était quelque part dans cette ville. Ce qu'elle avait vécu avec l'ange lui revenait en mémoire et lui donnait un pincement au cœur. Elle aurait donné n'importe quoi pour revenir en arrière, tenir son ami dans ses bras et le taquiner comme autrefois.

« Bon. Alessa. Désolée de t'avoir dérangée. Je te retrouve demain au boulot. »
« A demain, Clara. Bon après-midi. »

En se relevant, la grosse dame fit chanceler la table. Elle attrapa son sac à main, fit une légère bise, puis s'en alla en toute hâte. La tête ailleurs, Alessa demeura silencieuse quelques instants. L'image de Frantz la hantait toujours. Sous un soupir, elle leva les yeux vers la rue. L'endroit était assez peuplé. Autour d'elle se trouvaient plusieurs groupes d'adolescents, des enfants accompagnant leurs parents, des fillettes venues faire du lèche-vitrine. Même si c'était improbable, l'hybride avait l'espoir de repérer l'angelot parmi la foule. C'était idiot. Il ne reviendrait pas. Il était mort. Elle était revenue à la vie. Et lui ou était-il ? Si elle avait été chez elle, les larmes auraient coulé sur ses joues. Mais elle était en public, il était donc hors de question qu'elle se laisse aller. Pour refouler son chagrin, elle avala cul sec la fin de son cappuccino.

Frantz se réveilla, il ouvrit les yeux et aperçut devant lui une dame d'une bonne trentaine d'années. Son visage était radieux et très souriant. Ses dents blanches, dignes des pubs de Colgate, faisaient un parfait contraste avec ses cheveux d'un noir corbeau qui étaient attachés, couverts sur le haut par une coiffe blanche ornée d'une croix rouge. Les sourcils de la femme étaient bien trop épais de quelques centimètres pour être considérés comme soignés. Elle avait des trait tombants, certainement dus à des heures de travail acharnées et des nuits bien trop courtes qui, à force du temps, lui ont creusé des cernes et des rides bien marquées. Tout cela lui faisait paraître une bonne dizaine d'années de plus.
La chambre faisait environ dix mètres carrés, on pouvait se déplacer dedans aisément. Il y avait très peu d’ameublement : en plus du lit, on pouvait trouver un simple bureau avec une chaise et bien sûr du matériel médical. Les murs étaient tous blancs et l'air était renouvelé en permanence, comme dans les salles blanches pour éviter de propager les virus. Seule une odeur aseptisée restait perceptible. Rien à redire sur l’hygiène et la propreté des lieux, hormis l’impression d’être dans une cellule de fou.
Cela faisait déjà quelques jours que cette aide soignante venait le réveiller de bon matin pour faire quelques examens de routine : prise de température, pouls, niveau des perfusions. Au fil des jours, un dialogue s'installa entre les deux êtres. L’infirmière lui apprit qu'il était bel et bien mort, mais qu'une seconde chance lui avait était donnée sur cette île. Il y serait relâché après une courte hospitalisation. Il en avait été de même pour d'autres habitants. Lorsqu'il apprit cela, sa première réaction fut de demander si elle n'avait pas reçu une hybride du nom de ''Alessa Bouvier'', mais la brune baissa les yeux en guise de réponse.

*Ah Alessa* pensa t-il en faisant un long soupir... Elle représentait tellement de choses pour lui. Même s'ils ne s'étaient pas connus longtemps, leur relation avait très vite évolué, ils étaient devenus inséparables, faisant les cents coups, toujours à rigoler. L'hybride la charmait corps et âme. Elle le savait éperdument et en profitait pour le provoquer parfois de façon très ''crue''. Mais ils n'eurent le temps d’aller plus loin, la mort les avait pris de court. Cette histoire ne restera que naissante.
Les larmes lui venaient à torrent en repensant à ce moment où ils se firent frapper par la foudre. Elle n'avait aucun moyen de survire entre l’éclair et cette chute. Personne ne pourrait y résister et tout cela par la faute de l'angelot qui s'en voulait éperdument d'avoir tué celle avec qui il aurait voulu et dû être. Il ne pourrait plus dormir sereinement sans se faire hanter par cette pensée. Rien ne pourrait la ramener à part cet endroit où elle ne devait pas être. Plus d'espoir, plus de vie. Plus que du chagrin qui serait long à faire passer...

Cette période de convalescence post-mortem fut d'une durée de quatre jours à attendre patiemment, tourner en rond et surtout se morfondre sur le « meurtre » de sa tendre. Quatre jours interminables, terriblement longs à être en quasi permanence avec uniquement soi, sa confiance, ce sentiment d’impuissance et de regret. Tout ce qui peut faire qu'un homme s'en veut terriblement. On lui permit de sortir car tout allait pour le mieux. Une petite bise à l'infirmière en guise de remerciement, une mise au point avec l'administration et voilà, enfin libre de sortir ! Il allait enfin pouvoir marcher dehors ou ressentir la chaleur du soleil sur sa peau. Frantz ne pouvait toujours pas croire qu'il était en vie après sa mort. **Comment cela existe-t-il ? Pourquoi moi ? Où suis je ? Comment je vais vivre ? Où habiter ?** Tant de questions à l'esprit !
Abasourdi par tout ça, l'ange commença à errer, traînant des pieds pour marcher. Un zombie n'aurait pas fait mieux, il manquait juste les cris. Tournant pendant un moment dans cette ville, il aperçut un restaurant/café. La première image qui lui vint à l'esprit fut celle d'une bonne bière fraîche et de s’asseoir, surtout sous cette chaleur qui assoiffait ! L'ange se rendit donc vers le bâtiment. La terrasse était assez remplie, il baissa donc la tête pour aller vite se réfugier à l’intérieur. Ensuite il se dirigea vers un serveur qui lui apporta sa commande dans la minute. Une fois le verre en main, l’être divin scruta la pièce. Au final, l'intérieur était bien plus rempli que la terrasse. Il se désaltéra d'une grande gorgée et ressorti. La différence de température était flagrante, la boisson fraîche ne ferait que plus de bien.
Alors qu'il cherchait une place où s’asseoir, une femme blonde se leva en faisant chanceler la table, ce qui fit tinter les verres qui se trouvaient dessus. Le regard de l'ange se tourna donc en direction du bruit. C'est alors qu'il se figea littéralement. Ebahi, ses yeux s'écarquillèrent en grand. Sa main droite lâcha le verre qui se brisa au sol. Il fixa la personne qui se trouvait en face de la blonde. Les secondes paraissaient des heures, il ne pouvait pas y croire : c'était Alessa. Reprenant ses esprits, il cria à tout poumon et gorge déployée son prénom en se dirigeant à grands pas de bottes de sept lieux à la rencontre de celle-ci.

L'attention de la brunette était toujours portée sur la foule. Les gens autour d'elle discutaient tranquillement sans faire attention à ce qui les entourait. Parfois, le ton montait à l'une des tables, ce qui entraînait une cacophonie plus forte. Les serveurs avaient bien du mérite, car ils devaient quitter le travail avec un sacré mal de tête ! Au moins la piscine était un lieu paisible. Même si des jeunes venaient parfois mettre un peu de raffut, cela n'était rien à côté de ce café-restaurant. Un bruit de verre brisé retentit à vingt mètres d'Alessa. Cette dernière hocha la tête en se disant que les clients ne faisaient pas très attention. D'un air blasé, elle tritura la faïence de sa tasse pour s'occuper et s'amusa à contempler le fond de sa boisson. C'est alors qu'elle entendit son nom. Relevant la tête, elle chercha Clara qu'elle croyait partie. Qui d'autre aurait pu l'appeler ? Elle ne connaissait pas grand monde. Elle avait beau chercher, il n'y avait aucun signe de la grosse blonde.
Soudain, l'une des tablées poussa des grognements. Tournant la tête vers les plaintes, la jeune femme remarqua quelqu'un s'approcher vers elle en courant. Avait-on mis de la drogue dans son cappuccino, ou bien était-ce l'oeuvre d'un habitant démoniaque qui s'amusait à lui faire perdre la tête ? Voilà qu'elle qu'elle apercevait le spectre de Frantz... Pas de doute, l'illusion était parfaite : l'homme ressemblait vraiment à celui qui occupait son cœur... Son nom fit de nouveau écho sur la terrasse du café. Etait-ce vrai ? La maître nageuse se redressa en sentant son pouls battre à tout rompre. Tandis que ses yeux s'embuaient de larmes, elle courut vers l'angelot. Si c'était un fantôme, elle tomberait par terre comme une idiote. Quelque part au fond d'elle, elle avait l'espoir que tout cela soit vrai. Pourvu qu'il ne s'agisse pas d'un songe ! Elle bondit contre le chérubin qu'elle entoura de ses bras. Instinctivement, elle plaça son visage dans le creux de son cou. Son rêve était merveilleux : elle avait la réelle sensation de humer son odeur. Cette douce fragrance, elle avait tellement espéré la retrouver un jour. Avec tendresse, elle déposa un léger baiser sur son cou.

« Frantz... » murmura-t-elle en contenant ses sanglots.

Elle recula, puis, avec le coin de sa manche, elle s'essuya le coin des yeux. C'est là qu'elle comprit : autour d'elle, les clients les scrutaient avec un regard intrigué. Ce qu'elle vivait était donc bel et bien réel ! Timidement, elle leva la tête vers celui qu'elle enlaçait. Cette tignasse décoiffée, ce visage carré mais doux, ces épaules sur lesquelles elle avait parfois posé la tête... Elle les connaissait si bien. Retrouvant peu à peu goût à la réalité, elle lança :

« Tu es en vie !? »

Sa voix était toujours aussi faible, comme si le fait de parler convenablement allait briser cet instant. Incapable de réprouver ses émotions, elle se colla de nouveau contre lui. Bon sang, elle n'arrivait pas à croire qu'il soit là ! Après s'être levée sur la pointe des pieds, elle plaça ses bras autour de la nuque de Frantz. Des câlins, elle lui en avait fait une fois ou deux, mais cela n'avait jamais duré très longtemps. Autrefois, ils se cherchaient mutuellement, allant parfois jusqu'à la provocation. Leur relation était ambiguë, toutefois cela ne les avait jamais empêché de s'amuser. Ils avaient passé leur temps à rire et à s'aventurer là où il ne fallait pas. C'était sans doute pour ça que ça avait mal tourné. Mais le maire d'une île étrange avait décidé de mettre son grain de sel : il les avait réincarnés ! L'hybride était si heureuse... Sa queue dissimulée sous sa jupe remua joyeusement.

« Ah bah bravo, hein ! Je suppose que c'est toi qui as encore tout cassé ! »

Elle faisait allusion au verre qu'un serveur ramassait en marmonnant. S'il apprenait que l'ange l'avait brisé, ce dernier allait passer un sale quart d'heure ! Avec regret, elle décida d'achever son étreinte. Les gens autour d'eux ne devaient certainement pas apprécier leur petite scène... C'est pourquoi la jeune femme décida d'entraîner son ami vers une table vide. Non loin d'eux, le serveur questionnait les personnes afin de connaître le coupable de la casse. D'un air taquin, Alessa souffla :

« Je te parie que dans moins de dix secondes, tu seras repéré. »

Fouillant dans son sac, elle vérifia si elle avait assez d'argent dans son portefeuille. Il était hors de question qu'elle s'en aille comme une voleuse. Même si c'était Frantz qui avait brisé la boisson, elle n'allait pas le laisser avec des ennuis sur le dos. Maintenant qu'elle l'avait retrouvé, elle n'avait plus l'intention de le lâcher ! Elle avait si peur qu'il disparaisse de nouveau... D'ailleurs, elle se demandait comment il allait et combien de temps avait-il déjà passé sur cette île. Elle espérait qu'il ne s'en veuille pas trop pour leur mort mutuelle. La voix de l'employé devint plus forte : évidemment, il s'approchait. Elle resta debout, devant l'être divin qu'elle ne quittait pas des yeux.

Frantz avait crié le nom d'Alessa en l’apercevant assise sur la terrasse du restaurant. Sous le choc de ces retrouvailles, il en fit tomber son verre qui se brisa, s'éclatant en de multiples morceaux sur le sol. Ce remue-ménage attira le regard de la jeune femme, qui se leva d'un bond après avoir vu d’où ce bruit parvenait. Elle partit à sa rencontre à vive allure, emboîtant le pas de son défunt partenaire qui se ruait déjà dans sa direction. Les deux personnes étaient tellement emportées dans leur course que leur élan s’arrêta quand ils s'entrechoquèrent poitrine contre poitrine. Sous l'émotion d'avoir retrouvé son amie, l'ange ne ressentit rien d'autre qu'une merveilleuse joie aussi immense qu'intense. L'hybride profita de ce rapprochement pour l’enlacer et mettre son visage dans le creux de son cou. Frantz pouvait alors sentir son souffle. Leur respiration était à tous les deux saccadée, ce qui provoqua un léger frisson le long de son dos. Cela lui rappela le nombre de fois où la brune s'amusait justement à lui provoquer des frissons en lui soufflant dans le creux de l'oreille, dans le cou, ou en laissant glisser ses ongles griffer légèrement son dos. C'est alors qu'il sentit qu'elle lui déposait un léger baiser dans son cou. Après quoi, elle chuchota d'une voix quasi inaudible :

« Frantz... »

Ensuite elle se recula. Ses yeux ruisselaient de petites larmes qu'elle essuya avec le bout de sa manche. L'angelot aurait aimé que ce moment reste gravé, car il pouvait l'entourer de ses bras et toucher la femme qu'il voulait. Mais cela n'était pas vraiment le moment et surtout l'endroit. Visiblement, elle non plus ne devait pas se douter qu'il serait réincarné sur cette île et encore moins de le retrouver. Cela l'avait bouleversée autant que Frantz. Une fois les yeux de l'hybride évacués de l'eau qui les troublaient, ils scrutèrent ensemble les environs. Les personnes assissent sur la terrasse devaient assister à cette scène de façon désemparée. Il était évident que tout le monde ne devait pas apprécier. Alessa baissa la tête. Peut être était-elle timide devant tant gens qui la scruter. Elle reprit la parole toujours avec une voix aussi faible.

« Tu es en vie !? »

Puis elle revient contre lui pour l'enlacer en se mettant sur la pointe des pieds. Elle put alors passer ses bras autour du cou de l'ange. Celui-ci l’entoura au niveau de ses reins. Il était tellement sur son petit nuage d’Eden, qu'il n'eut pas la présence d'esprit de lui répondre. D'ailleurs, il nageait dans un océan de bien-être, ne pensant qu'à la serrer très fort pour ne plus qu'elle ne lui échappe. Il rêvait de la submerger de bisous.

« Ah bah bravo, hein ! Je suppose que c'est toi qui as encore tout cassé ! » fit-elle.

Leur étreinte s’arrêta là. Descendant de son nuage, Frantz remarqua tous les regarde braqués sur eux. Celui d'Alessa se portait sur le serveur qui s’affairait à la tache pour ramasser le verre tombé précédemment. Elle décida donc d'emmener son ami un peu à l’écart pour un peu plus d'intimité, car être debout en plein milieu d'une terrasse n'était pas vraiment un lieu approprié pour pouvoir se retrouver paisiblement... Mais le serveur ne comptait pas en rester là et demandait aux personnes présentes de lui montrer qui avait fait cette maladresse. Le chérubin voyait bien que cela rendait sa compagne mal à l'aise. Il mit les mains dans les poches pour vérifier s'il ne lui restait pas d'argent pour payer ce verre brisé. Toutefois, l'achat de la boisson lui avait tout pris. Il ne lui restait que quelques centimes, rien de plus. Pas de quoi pouvoir rembourser cela.

« Je te parie que dans moins de dix secondes, tu seras repéré. »dit Alessa en fouillant dans son sac.

Elle l'avait donc devancé dans sa demande d'argent. L'ange ne pouvait pas se dissimuler et fuir avec elle en voleur. Le serveur s'approcha d'eux après que de nombreux consommateurs les eurent montrés du doigt. Arrivé devant l'hybride qui cachait Frantz, le serveur quémanda le remboursement du verre. Le prix n'était pas salé, cela ressemblait plutôt à un geste pour éviter que les personnes cassent le matériel volontairement. Alors la demi-animal remboursa à sa place. L'angelot se trouvait bien gêné que celle-ci aie dû payer pour sa sottise. Une fois le remboursement effectué, il la prit par la main et ils commencèrent à marcher dans une direction inconnue. Droit devant, sur les cotés, cela lui importait nullement. Il l'avait retrouvée et rien ne pourrait entamer son bonheur.

« Merci pour le verre. Ca sera à charge de revanche : je te payerai un coup à boire une autre fois.. Oh put-ré ! Je suis tellement content de te revoir ! … J’avais si peur de jamais pouvoir le faire après cet …... Accident. Si tu pouvais savoir comment je m'en veux de t'avoir - nous avoir – tués ! »

Frantz baissa la tête et perdit son sourire. Il avait remarqué que la jeune femme était heureuse de le revoir, mais est-ce qu'elle lui en voulait pour cela.... ? Quand tout à coup, la tête lui tourna légèrement. Il était affamé et ne tenait plus debout. Par ailleurs, des cris d’alerte provenant de son ventre le faisaient bien entendre.

Comme Alessa l'espérait, le bel ange était également heureux de la retrouver. Elle avait senti son étreinte chaleureuse et ses mains glisser sur elle. Il ne devait pas s'en être rendu compte, mais elle avait rougi lorsqu'il l'avait enlacée au niveau des reins. Par ce contact, elle avait eu l'impression d'être sienne. D'ailleurs, il lui aurait demandé n'importe quoi, elle l'aurait fait sans hésiter, simplement pour qu'il la prenne à nouveau contre lui... Il ignorait la passion dévorante qui l'animait, la consumait et qu'elle peinait à freiner. Leur amitié n'était pas évidente, car elle oscillait entre la camaraderie et la tendresse. Malgré les signes flagrants de son amour pour l'angelot, la maître nageuse était totalement perdue dans ce qu'elle ressentait. La peur de s'engager la paralysait : ils se connaissaient bien sans avoir passé des années ensemble. Or, certains individus n'avaient aucun respect du mot ''couple''. Elle craignait donc la déception ou pire... La tromperie.
Le serveur finit par arriver afin de demander le remboursement que l'hybride lui tendit en s'excusant. Une fois l'argent rangé dans l'une de ses poches, l'homme alla reprendre son travail. Les clients avaient fini par se détourner du couple et poursuivaient leur conversation. La main de Frantz vint toucher celle de la brune qui se vit frissonner. Le regard rivé sur lui, elle le laissa l'emporter loin d'ici. Bon sang, elle aurait tellement souhaité lier ses doigts avec les siens... Mais c'était une prise de main amicale, rien de plus. Il fallait qu'elle cesse de s'attendre à des choses qu'elle n'aurait peut-être jamais. D'une allure sereine, le jeune homme l’entraînait au cœur des rues marchandes. La foule était moins nombreuse, cependant on entendait toujours les dialogues enjoués des passants. Ils s'exclamaient en se retrouvant face à une vitrine, puis se détournaient au bout d'une dizaine de secondes comme si cela ne leur plaisait plus. Le chérubin finit par s'adresser à elle :

« Merci pour le verre. Ca sera à charge de revanche : je te payerai un coup à boire une autre fois.. Oh put-ré ! Je suis tellement content de te revoir ! … J’avais si peur de jamais pouvoir le faire après cet …... Accident. Si tu pouvais savoir comment je m'en veux de t'avoir - nous avoir – tués ! »

Affichant une mine attristée, il se renferma sur lui-même en baissant la tête. On eut dit un enfant malicieux qui venait de se faire punir. Malgré les propos douloureux qui quittaient ses lèvres, il n'en demeurait pas moins attendrissant. On n'aurait eu aucun mal à l'imaginer enfant. Alessa esquissa un sourire réconfortant, tendit la main vers le menton de son aimé, puis le força à la regarder dans les yeux. Elle voulait qu'il comprenne qu'elle ne lui en voulait pas.

« Tu n'es pas responsable de cet accident. Tu n'as pas à tout porter sur tes épaules. Malgré le temps, on a voulu aller sur cette montagne tous les deux. C'était une décision commune. On ne pouvait pas savoir que la foudre nous frapperait... Mais c'est comme ça. Et puis... Nous avons une seconde chance, non ? Je suppose que si cela nous a été accordé, c'est parce que nous le méritons. »

Ses doigts glissèrent du menton jusqu'à la joue qu'elle caressa d'un revers de main. La douceur de son geste n'avait pas un but provocateur, mais plutôt réconfortant. Elle voulait qu'il cesse de se torturer l'esprit avec leur mort. On leur avait donné la vie, ils devaient donc tourner la page et avancer. Le grognement du ventre de son compagnon dédramatisa la scène. Cela fit rire la brunette qui attrapa le bras de son interlocuteur.

« Et bien ! La bière t'a ouvert l'appétit, on dirait... A moins que tu aies vidé le frigo de ton nouvel appart ? Viens, on va te trouver un petit restaurant. C'est moi qui paye, tu n'as pas le choix ! »

Avec un air malicieux, elle se pencha à son oreille :

« Au pire, tu me le rembourseras autrement... »

Elle lui tira la langue et fila droit devant elle. Il le suivrait, surtout après ce qu'elle venait de lui dire. Slalomant à travers les passants, elle chercha une enseigne attirante. Ils s'éloignaient du bar-restaurant, toutefois on entendait toujours le bruit des couverts tintant sur la faïence. Elle en conclut donc qu'il devait y avoir des endroits sympathiques. Une vitrine attira son attention : des spécialités strasbourgeoises. Un panneau présentait un menu au tarif abordable avec du bon vin et ventait les mérites de sa choucroute apparemment élue saveur de l'année. Frantz appréciait la choucroute, le porc rôti au feu de cheminée, voire peut-être les flammekueches. Elle se tourna vers lui en désignant la porte de son index.

« Ca te va ici ? Ou tu préfères ailleurs ? »

A la suite de sa précédente phrase, Frantz s'était perdu dans des pensées négatives, à broyer du noir. Il n'aurait pas dû voler et encore moins si haut pendant un orage. Quel imbécile. Il se sentait tellement coupable de tout ce qui était arrivé... En même temps cela était de sa faute. Une main vint se poser sur son menton levant sa tête qui scrutait le sol. Alessa le regarda droit dans les yeux et esquissa un sourire très chaleureux.

« Tu n'es pas responsable de cet accident. Tu n'as pas à tout porter sur tes épaules. Malgré le temps, on a voulu aller sur cette montagne tous les deux. C'était une décision commune. On ne pouvait pas savoir que la foudre nous frapperait... Mais c'est comme ça. Et puis... Nous avons une seconde chance, non ? Je suppose que si cela nous a été accordé, c'est parce que nous le méritons. »

Après ça, sa main glissa du menton vers la joue en une légère caresse affectueuse. Ces gestes en disaient bien plus long que bien des paroles. Elle ne lui en voulait pas et ce drame resterait enfouit dans un tombeau avec leur vie d'avant. Ceci redonna un petit sourire en coin à Frantz : la vie repartait et ils en profiteraient, ça c'est sur.

« Oui tu as raison tachons d'oublier tout ceci et vivons. Mais simple question : on est considérés comme des morts-vivants donc ? Vais-je devoir te….. » fit-il avec un sourire légèrement intéressé.

Mais le grognement provenant de son ventre l’interrompit. Instantanément son regard alla se poser dessus, comme s'il croyait qu'il allait voir quelque chose ou que cela allait arrêter de le faire grogner. Puis lentement, il remonta ses yeux en direction de ceux de sa partenaire, dans l'espoir que celle-ci n'ait rien entendu. Mais à la vue de son sourire de façade, c'était mal parti pour.

« Et bien ! La bière t'a ouvert l'appétit, on dirait... A moins que tu aies vidé le frigo de ton nouvel appart ? Viens, on va te trouver un petit restaurant. C'est moi qui paye, tu n'as pas le choix ! »

Frantz baissa très vite la tète et la remonta d'un coup, comme un coup de « zut, bon sang ! ». Il ne voulait pas gâcher cette rencontre en s'apitoyant juste pour une énorme faim. Il n'en mourrait pas.

« Oui je n'ai rien mangé depuis ma sortie de l’hôpital où, il faut avouer, il ne faut pas être un gros mangeur ! On serait déçu par la qualité et surtout la quantité servie ! »

Alessa prit le bras de l'angelot et avec un air malicieux et s'approcha de son oreille.

« Au pire, tu me le rembourseras autrement... »

A l’écoute de ces mots l'angelot rougit. Des pensées très charnelles lui envahirent l'esprit. Puis elle lui tira la langue et commença à s'enfuir droit devant, se faufilant habillement entre les passants. Au moment même où il la vit commencer sa course, Frantz la poursuivit d'instinct, ne se demandant même pas pourquoi. Il lui courait après, c'est tout... Comme s'il voulait la suite de la phrase, qui sait ? Il n'avait pas fallu attendre longtemps pour retrouver ce penchant provocateur entre eux. On aurait dit que rien avait changé, toujours à se courir après, aussi littéralement que non.
Alessa était bien trop rapide et agile pour que l'ange puisse la suivre à pied. C'était bel et bien un hybride animal dans toute sa splendeur. L'ange déploya donc ses ailes et la suivit par les airs, où de cette hauteur, on ne pouvait qu'admirer encore plus la grâce avec laquelle elle progressait parmi la foule. Elle s’arrêta devant une vitrine qu'elle pointa du doigt. L'angelot entama sa descente pour parvenir à ses cotés. L'odeur qui émanait de ce restaurant était envoûtante. Ses yeux s'écarquillant à la vue du menu. S'il aurait été un chien, un filet de bave coulerait le long de ses babines. De la bonne choucroute ! C'était l'un des ses plats préférés et elle le savait très bien. C'est pour cela qu'elle avait dû l'emmener ici. Il ne pourrait refuser et cela lui ferait tant plaisir.

« Ca te va ici ? Ou tu préfères ailleurs ? »
« Ca me convient parfaitement. Allons-y vite, j'ai hâte de me régaler ! »

Frantz entra dans le restaurant en tenant galamment la porte à la femme qui la suivait. Un serveur vint à leur rencontre.

« Bonjour Madame, Monsieur »
« Bonjour, nous voudrions une table pour deux personnes. »

Le serveur acquiesça et leur indiqua de prendre la table qui leur convenait. Frantz opta pour une table en coin assez à l'écart des autres personnes présentes, où ils pourraient être tranquilles en tête à tête. Il la désigna à Alessa d'un regard et l'emmena en la tenant par la taille, la serrant bien fort contre lui. Arrivé à la table, il s’installa et fit signe au serveur pour que celui-ci lui apporte le menu. Une fois assis sur la chaise, il regarda très vaguement la décoration de la salle. C'était un cadre chaleureux, le bois de la charpente était apparent, il y avait une petite cheminée où le cuisinier faisait cuir des flammekueches à l'ancienne. On pouvait voir le Munster fondre délicatement sur la pâte. Les tables et les chaises étaient toutes en bois massif. Il ne prêta guère plus attention aux détails. On s'y sentait bien et c'est ce qui importait. Le serveur ne fut pas long à apporter les cartes des menus. Elles étaient assez riches et à grosse dominance de spécialités Alsaciennes, bien sûr. Frantz se tourna sur la choucroute, mais hésita sur la boisson.

« Comme c'est toi qui offre, je te laisse choisir la boisson pour accompagner cela : bière ou un petit vin blanc ? » dit-il avec une voix toute douce.

Et il reposa délicatement la carte des menus et servit deux grands verres d'eau.

« En fait, je ne sais pas si tu manges avec moi. Tu as probablement dû déjà le faire avec ta copine blonde, non ? C'était une collègue ? Et ça fait longtemps que tu es arrivée ici ? »

Il avait tellement de questions qu'il aurait voulu toutes lui poser, mais il se contenta de celle-ci pour le moment. Maintenant qu'ils s'étaient retrouvés, ils avaient tout le temps de pouvoir se parler.

Majestueux, l'angelot arriva par les airs. En temps normal, la foule remarquait le garçon, car chacun de ses gestes était gracieux. Il dégageait une aura naturellement pure et rayonnait de beauté. Mais avec ses ailes déployées, tout le monde avait les yeux rivés sur lui. Alessa entendit plusieurs propos au sujet de son compagnon. Certains individus l'admiraient, d'autres ne supportaient pas les créatures qui s'affichaient, tandis qu'un troisième groupe craquait littéralement pour lui. La gente féminine rougissait ou le dévorait des yeux. C'en était presque écoeurant. Le pire, c'est que l'ange n'allait même pas s'en rendre compte. La jalousie provoqua un léger pincement de lèvres chez l'hybride, néanmoins elle garda son avis pour elle. Elle se contenta d'afficher un sourire tendre, de l'écouter comme une parfaite amie et de faire comme si elle n'entendait pas les pimbêches glousser.

« Ca me convient parfaitement. Allons-y vite, j'ai hâte de me régaler ! »

Sa joie augmenta lorsque la brune découvrit que sa proposition était un succès. Elle emboîta le pas du chérubin en écoutant la déception des demoiselles. Bien fait. C'était puéril, cependant elle était heureuse qu'aucune de ces femmes ne soient allées lui parler. Si cela avait été le cas, elle aurait dû ré-freiner des paroles acerbes et déplacées. Un vif changement de température empourpra ses joues. Elle jeta divers coups d'oeil à Frantz qui discutait avec un serveur. Il avait l'air à l'aise, tranquille. Son chagrin lié à leur mort avait laissé place à un visage serein.

« Bonjour Madame, Monsieur. »
« Bonjour, nous voudrions une table pour deux personnes. »

L'être divin acquiesça, puis avança en direction des premières tables. Docile, la maître nageuse le suivit en scrutant son dos. Son regard parcourut d'abord sa chevelure qu'elle rêvait de toucher, glissa sur sa nuque, descendit le long de sa colonne et ses épaules imposantes, puis finit par s'arrêter sur ses fesses bien moulées dans son jean... Non, elle ne l'aidait absolument pas à trouver une place... Après quelques instants, elle détourna son attention de ces jolies rondeurs et s'empressa de faire semblant de chercher. Elle remarqua la table sélectionnée par son interlocuteur dont elle approuva le choix. Ils seraient au calme dans ce coin, personne ne viendrait écouter leur conversation. Alors qu'elle s'apprêtait à commenter la tablée choisie par l'angelot, une main vint coulisser sur sa taille. Sa bouche s'ouvrit une fois, deux fois, mais finalement, tout ce qu'elle arriva à en tirer fut un soupir discret. Elle baissa la tête tandis que son cœur battait à la chamade. Pourquoi fallait-il qu'il la trouble ainsi ? Quand elle s'imagina hanche contre hanche en train de goûter à ses lèvres, son teint vira au rouge. Il fallait à tout prix qu'elle se calme ! Frantz la taquinait autant qu'elle. Rentrer dans son jeu ou faire paraître une émotion était en quelque sorte lui offrir la victoire...
Ses tracas disparurent lorsqu'ils s'installèrent l'un en face de l'autre. Ne sentant plus cette main perturbante la déranger, elle retrouva une mine réjouie. Avec ce jeu du chat et la souris, elle avait du mal à savoir s'il était sérieux ou non. Après tout, peut-être n'était-elle qu'une copine comme beaucoup d'autres. Ses pensées l'empêchèrent de prendre goût à la décoration du restaurant. Elle ne remarqua donc pas les charpentes boisées ou les tableaux rustiques accrochés au mur. Le mobilier en chêne, la tête de sanglier sur l'une des poutres ou le cuisinier au ventre arrondi firent une simple apparition dans son esprit. Ce fut le serveur qui la ramena à la réalité en lui tendant la carte. Un simple signe de tête suffit à le remercier.

« Comme c'est toi qui offre, je te laisse choisir la boisson pour accompagner cela : bière ou un petit vin blanc ? » fit-il d'une voix tendre.
« Bière pour moi, mais si tu veux on peut prendre les deux. Du moment que tu tiens sur tes deux jambes en sortant d'ici... »
« En fait, je ne sais pas si tu manges avec moi. Tu as probablement dû déjà le faire avec ta copine blonde, non ? C'était une collègue ? Et ça fait longtemps que tu es arrivée ici ? »

Les doigts de la femme-fouine calèrent une mèche derrière son oreille. On aurait dit un signe de timidité, néanmoins c'était surtout pour ne pas avoir sa tignasse devant les yeux. Par où devait-elle commencer ? Elle laissa son ongle griffer le contour de son verre à présent rempli d'eau. D'après ce que son interlocuteur avait affirmé, il n'avait pas mangé depuis sa sortie de l’hôpital. En connaissant son appétit, elle pouvait donc en déduire que cela ne faisait que quelques heures qu'il était en ville. Cela signifiait également qu'il était resté plus longtemps qu'elle dans la clinique ou qu'il avait été ressuscité après elle.

« C'est une collègue, j'ai réussi à trouver un emploi à la piscine. Tu serais d'ailleurs ravi du bikini que je dissimule sous mon t-shirt de maître nageuse... »

Son sourire était si grand qu'elle dévoila ses dents blanches. Après l'avoir tenue si fort contre lui, il méritait qu'elle le provoque. Elle jugea d'ailleurs la punition trop légère et décida d'étendre son pied sous la table. Sa cheville alla se frotter contre le mollet du chérubin qu'elle regarda comme si tout était normal. Elle poursuivit son petit manège et reprit :

« Je suis sortie de l’hôpital il y a trois-quatre jours. Puisque je devais rester dans ma chambre, le personnel a été très sympathique et m'a aidée dans mes recherches. Ils avaient sélectionné des métiers qui recrutaient et qui correspondaient à mes capacités... J'ai ainsi pu trouver un travail, ainsi qu'un apparemment. Il a dû en être de même pour toi, non ? On t'a aidé dans la réinsertion de ta nouvelle vie ? »

Le pied de l'hybride cessa de se frotter contre la jambe de l'ange, puis retourna sous sa chaise. Evidemment, la jeune femme faisait comme si rien ne s'était passé. Le serveur arriva, calepin à la main, pour noter le repas du ''couple''.

« Je vous écoute. »
« En boisson, ce sera deux Licornes et une bouteille de Pinot blanc... Quant au repas, je laisse mon... ami décider pour lui. »

L'homme se tourna vers Frantz qui lui expliqua ce qu'il avait choisi. Il était difficile de ne pas fixer ses lèvres parler. Frémissante, Alessa mourrait sous l'envie de les effleurer. Elle se contenta de le regarder dans les yeux pour l'écouter. Mais cette fois encore, sa tête était remplie de questions, d'idées provocatrices et de doutes.

Frantz scrutait attentivement sa compagne. Elle n'avait absolument pas changé physiquement ou moralement depuis leur chute, et cela lui convenait parfaitement. Il la trouvait tout simplement magnifique. En la regardant, l'ange avait déjà eu bien souvent des pensées malsaines... Surtout pour un être des Cieux... Encore plus lorsque son regard se perdait sur son corps, en s'attardant plus en détail sur ses formes proportionnées à la perfection. Alessa glissa une mèche derrière son oreille. C'était un geste qu'elle faisait souvent, car sa mèche ne restait guère longtemps en place. Cela lui donnait un petit air mystérieux et très sexy à la fois.
Elle rapprocha son verre d'eau rempli par l'angelot, commença à jouer avec en griffant son contour et entama la discussion.

« C'est une collègue, j'ai réussi à trouver un emploi à la piscine. Tu serais d'ailleurs ravi du bikini que je dissimule sous mon t-shirt de maître nageuse... »

A la suite de cette phrase, elle esquissa un grand sourire que l'ange lui renvoya aussi tôt. Sachant bien que ses propos le feraient rougir et le mettraient mal à l'aise, elle avait bien réussi son coup. Il s’efforça de bien la regarder dans les yeux pour ne pas trahir son envie de vérifier son dire. Mais ce qui était sûr, c'est que l'information était bonne à prendre. Frantz s'en servirait plus tard avec un grand plaisir... Quant tout à coup, quelque chose effleura son mollet. L'ange sursauta, se demandant ce que cela pouvait bien être. Il glissa un coup d'oeil sous la table : c'était le pied de l'hybride. L'ange releva les yeux. Alessa le regardait fixement, comme si elle le testait. Non, voulait voir sa réaction ? Ou peut-être, était-ce une envie d'un plus grand rapprochement ? Ou encore la suite de l'accolade ? L'homme du Ciel ne savait pas comment interpréter cet acte. Tout ce qu'il savait, c'est que cella lui était bien agréable, lui provoquant même une petite chair de poule... Puis elle reprit la discussion comme si rien ne se passait entre leurs jambes.

« Je suis sortie de l’hôpital il y a trois-quatre jours. Puisque je devais rester dans ma chambre, le personnel a été très sympathique et m'a aidée dans mes recherches. Ils avaient sélectionné des métiers qui recrutaient et qui correspondaient à mes capacités... J'ai ainsi pu trouver un travail, ainsi qu'un apparemment. Il a dû en être de même pour toi, non ? On t'a aidé dans la réinsertion de ta nouvelle vie ? »

Ah, elle voulait donc continuer le jeu des petites provocations ? Frantz avait une vague idée pour la perturber et en profiterait allègrement en même temps... Mais il se demandait surtout comment elle réagirait lorsqu'il le ferait. Lui mettra-t-elle une baffe ? Peut-être ne dévoilera-t-elle rien, comme elle le fait actuellement avec son pied sous la table ? Ou bien surenchérira-t-elle ? La connaissant, ce serait probablement la première ou la derrière solution. Il cessa de rêvasser, car elle venait de poser une question. En ce qui concerne sa future réaction, le chérubin décida qu'il essayerait, car ''qui ne tente rien n'a rien''...

« Ah oui d'accord, tu as donc quelques jours d'avance sur moi. Il faudra donc que tu me fasses visiter ces lieux. C'est bien sympathique à eux de t'avoir offert le job. Je suis sûr qu'en maillot de bain, tu dois faire tourner la tête de tous les hommes et que depuis que tu travailles, l'établissement doit être plus fréquenté ! Oui, on m'a aidé. Par ailleurs, il faudra que j'aille à une certaine adresse que l'on m'a donnée. On devrait m'y offrir une place en tant que barman. »

Le pied de la demi animal s'arrêta de remuer à l'approche du serveur qui portait les boissons sur un plateau. Le « couple » se tourna en sa direction afin de lui donner sa commande.

«Avez-vous fait votre choix ? » fit-il en déposant le liquide sur la table.
« Une choucroute garnie, merci. Madame ne prend pas de plat. »
« Très bien, je vous apporte ça. »
« Puis-je me permettre de changer de place ? »
« Bien sûr, Monsieur, à votre aise »

Le serveur prit congé d'eux pour donner le bon de commande à la cuisine, afin qu'ils puissent préparer ce met. L'ange se leva dans la foulée. Il déplaça ses couverts, son assiette, ses verres et sa chaise à coté de la charmante demoiselle, puis il s’installa à sa nouvelle place. Une fois les fesses bien assises, il s’avança pour déposer un bisou sur la joue d'Alessa, pendant que sa main droite se posait délicatement sur le milieu de sa cuisse. Sa paume était placée sur sa jupe, les doigts inclinés vers l'intérieur. Avec sa deuxième main, il versa une des bières dans un verre en faisant exprès de créer plein de mousse lorsqu'il la versa, car l'hybride adorait cela. Il la plaça ensuite devant elle, à coté de son verre d'eau.

Comme la femme-fouine le pensait, Frantz sursauta lorsqu'elle joua à lui faire du pied. Il ne devait pas s'y attendre et pourtant c'était l'endroit rêvé pour l'embêter ainsi... C'est donc avec un grand amusement qu'elle le vit jeter un coup d'oeil furtif sous la table. Hormis sa jambe, que s'attendait-il à trouver ? Il était difficile de ne pas rire et de faire comme si rien ne se passait entre eux. Elle sentait le doute l'animer, comme s'il cherchait une raison à ce geste. N'était-ce pas évident ? Il l'avait serré contre lui, comme s'ils étaient un couple... C'était une simple vengeance. Et si elle avait su la suite des événements, elle l'aurait provoqué davantage avec son pied...

« Ah oui d'accord, tu as donc quelques jours d'avance sur moi. Il faudra donc que tu me fasses visiter ces lieux. C'est bien sympathique à eux de t'avoir offert le job. Je suis sûr qu'en maillot de bain, tu dois faire tourner la tête de tous les hommes et que depuis que tu travailles, l'établissement doit être plus fréquenté ! Oui, on m'a aidé. Par ailleurs, il faudra que j'aille à une certaine adresse que l'on m'a donnée. On devrait m'y offrir une place en tant que barman. »

A ces propos, ses joues s'empourprèrent légèrement. Comment pouvait-il affirmer que les hommes la regardaient ? Il y avait des femmes tellement plus belles ! Au contraire, elle devait presque passer inaperçue... De toute manière, être observée par des inconnus ne l'intéressait pas. Elle aurait préféré que ce soit l'ange qui ne la quitte pas des yeux... Mais ça, elle ne pouvait pas le lui dire. Les nageurs étaient surtout accostés par Clara qui tentait régulièrement sa chance. Malheureusement pour elle, la plupart de ses conquêtes n'appréciaient pas trop ses formes. La pauvre était relativement rondelette, si bien que l'on s'interrogeait sur sa capacité flotter...
Alors que l'hybride s’apprêtait à répondre au chérubin, le serveur revint avec les boissons qu'elle avait demandé. Frantz en profita pour commander une choucroute garnie. Son choix n'était pas surprenant, car elle savait qu'il adorait ça. Elle aurait toutefois pensé qu'il prendrait plus de choses... Sans doute n'osait-il pas. Puisqu'elle payait pour lui, il ne voulait peut-être pas abuser. C'était idiot : elle lui aurait tout donné s'il l'avait voulu.

« Puis-je me permettre de changer de place ? »
« Bien sûr, Monsieur, à votre aise. »

Alessa arqua son sourcil droit. Quelle mouche piquait son compagnon ? Pourquoi voulait-il changer de place ? Etait-ce parce qu'elle avait abusé avec son pied ? Elle le sonda avec un visage interrogateur qu'il ignora. Il se mit alors à déplacer ses couverts et sa chaise à côté d'elle. Pourquoi ? Il n'était pas bien en face d'elle ? Le regard de la brunette devint suspicieux. Quand il fut assis, il se pencha près d'elle pour lui voler un baiser sur la joue. La réaction fut immédiate : une fois encore la maître-nageuse se mit à rougir. Elle le savait entreprenant, rusé et très taquin, mais ne s'attendait pas à ce qu'il glisse sa main sur sa cuisse ! Ils étaient dans un lieu public, alors à quoi jouait-il ? Son rythme cardiaque accéléra lorsqu'elle sentit les doigts du jeune homme se poser délicatement sur elle.
Aussitôt, elle fut parcourue de frissons. Elle se sentait mal à l'aise... En effet, sa tête était remplie d'images ''interdites''. Elle s'imagina quitter sa chaise pour s’asseoir à califourchon sur son voisin et capturer ses lèvres avec passion. Son imagination alla jusqu'à éveiller ses sens : Frantz serait allé placer sa main vers l'intérieur de ses cuisses, provoquant alors de légers soupirs. A travers chacune de ses pensées, le chérubin était le fruit de son désir... Il fallait qu'il retire sa main au plus vite, sinon elle allait céder à ses pulsions. Déjà qu'elle avait viré au rouge avec ce baiser sur la joue... Ce grand malin avait visé juste : poser ses doigts sur elle était bien plus perturbant qu'elle ne l'aurait cru... Pour lui montrer son agacement, elle inspira bruyamment... Peut-être trop... Cela se rapprochait plus du spasme que de l'exaspération.

« Dis donc, tu ne tiens pas en place... Pourquoi n'es-tu pas resté bien sagement en face ? Tu es pire qu'un enfant. Tu sais, on punit les garnements qui ne se tiennent pas correctement en public. Mais je ne pense pas que la fessée serait une solution adaptée... »

Elle attrapa la main perturbatrice et la reposa sur la table. Son visage était totalement vermeil, il était difficile de ré-freiner ses songes. Ces derniers se bousculaient dans son esprit à chaque fois qu'elle le regardait. Finalement, elle se leva en s'excusant.

« Désolée, je... » (Ses joues s'empourprèrent de plus belle.) « Je vais me repoudrer. »

N'importe quoi. Frantz savait très bien qu'elle ne se maquillait pas ou quasiment jamais. Hélas, sur le moment, elle n'avait pas trouvé d'autre prétexte pour aller aux toilettes. Elle savait que là-bas il ne la suivrait pas. Quittant rapidement la table, elle se réfugia dans les sanitaires où elle ferma la porte en toute hâte. Quelle idiote ! Pendant un instant elle avait senti qu'elle allait céder... Un peu plus et elle l'aurait embrassé avec fougue. Qu'importe s'il refuse ou non, elle l'aurait fait. Appuyée sur le lavabo, elle inspecta l'image qui se reflétait devant elle. La femme qu'elle voyait avait le visage cramoisi par la gêne. Sa poitrine se soulevait frénétiquement, comme si le cœur allait s'échapper. D'ailleurs, il battait à vive allure cet idiot ! Elle se sentait ridicule.
Une femme vêtue d'une robe jaune fit interruption. Elle toisa la brune avec un hautain, puis alla dans l'une des cabines. Lorsqu'elle ressortit, elle trouva l'hybride appuyée contre l'un des murs avec la tête baissée. Elle l'ignora royalement, ne se lava même pas les mains et abandonna les lieux. Alessa resta bien cinq minutes contre la paroi, ne se sentant pas encore apte à sortir. Elle mit un peu d'eau sur son visage et inspira calmement. Finalement, elle rejoignit son compagnon au bout d'une dizaine de minutes. La choucroute était déjà servie, il aurait au moins les mains sur ses couverts.

« Mince, il n'y a plus de mousse. » remarqua la jeune femme une fois assise. « Alors, c'est aussi bon que l'indique le panneau à l'entrée ? »

Son visage avait retrouvé la joie, cependant elle sentait toujours son pouls faire palpiter ses veines. Fallait-il qu'elle se justifie pour sa longue absence ? Revenir sur cette histoire ferait de nouveau surgir ses pensées malsaines et passionnées... Elle opta donc pour reprendre la conversation qu'ils n'avaient pu finir.

« Je n'ai pas visité grand chose, mais d'accord. On ira se balader où tu veux. Après manger, on pourra également se rendre à ton adresse. Tu as déjà visité ton appartement ? »

Elle goutta la bière et la savoura avant de la reposer. Elle ne s'était pas rendue compte qu'un peu de mousse était restée sur la commissure de ses lèvres. Au lieu de ça, elle observa l'angelot manger son plat.

Sa main posée sur la cuisse de l'hybride, l'ange était tout rouge. Son cœur battait la chamade et on pouvait presque percevoir quelques gouttes perler sur son front. C'était un de ces moment où l'on a l'impression qu'il dure une éternité. Il se demandait comment il avait osé faire ça et surtout comment cela allait se terminer ?
Frantz était tiraillé entre bien des sentiments : le regret, pour avoir provoqué les choses un peu loin, d'avoir détourné leur amitié. Peut-être Alessa lui en voudra-t-elle ? L'amusement : cela était plus ou moins la suite logique de leur provocation mutuelle, surtout avec le pied de la maître nageuse sous la table. Il fallait qu'il frappe assez fort et à la vue du teint pourpre de sa compagne, cela avait marché. Le désir : celui d’aller plus loin, de mettre sa main non sur sa cuisse mais sous sa jupe, et la faire glisser entre les deux. Ou bien la prendre sur son épaule et l'emmener à son appartement faire les choses en plus grand... Le regard porté sur sa main, l’excitation montait. Ses doigts gagnaient petit à petit le bout de l’extrémité de la jupe, prêts à aller se réfugier dessous et profiter du contact de la chair.

« Dis donc, tu ne tiens pas en place... Pourquoi n'es-tu pas resté bien sagement en face ? Tu es pire qu'un enfant. Tu sais, on punit les garnements qui ne se tiennent pas correctement en public. Mais je ne pense pas que la fessée serait une solution adaptée... »

Puis elle lui attrapa sa main et la posa contre la table. Frantz la regardait avec des yeux de chien battu, attendant patiemment sa réaction. Celle-ci ne fut pas longue à attendre : la semi-fouine se leva en s'excusant.

« Désolée, je... » …. « Je vais me repoudrer. »

Aussitôt, elle se dirigea vers les toilettes. Cela avait dû l'affecter plus que ne Frantz le pensait. Alessa avait sûrement envie de prendre un petit moment pour elle seule, à réfléchir à quoi faire. Le serveur arriva dans la foulé avec son plat. Voilà qui ferait passer le temps. Il déposa l’énorme assiette devant l'ange et s'en alla au service d'autres clients. L'angelot se jeta sur la nourriture comme un morfale, se forçant à ne pas repenser à la main pour ne pas se prendre la tète. Mangeant à grandes fourchées et buvant goulûment sa bière, il ne parvenait que très brièvement à ne pas y penser. En même temps, comment ne pas le faire ? Et cette attente de l'hybride ne l'aidait absolument pas !
L’être divin attaqua rapidement son plat. Elle n'était toujours pas revenue. Il jeta un coup d’œil en direction des toilettes, comme si elle allait apparaître comme par magie. Il chercha donc quelque chose à faire pour ne pas trop réfléchir. Scruter les gens dans la salles et les juger fut la seule activité qu'il trouva. C'était quelque chose qu'il faisait souvent avec Alessa. Qu'est ce qu'ils pouvaient bien rigoler en le faisant ! Ils tombaient toujours sur des personnes, comment dire, ''spéciales''.
Après un bon quart d'heure, l'hybride revint s’asseoir à table. Frantz la regarda se poser, elle avait l'air plus sereine que tout à l'heure. Elle porta son regard sur son verre de bière.

« Mince, il n'y a plus de mousse. »
« Oui entre temps, elle est toute retombé. »
« Alors, c'est aussi bon que l'indique le panneau à l'entrée ? »
« Oui je me régale. C'est divin. Désolé si je t'aies pas attendue : comme tu ne mangeais pas et que c'est meilleur chaud... »

Donc voilà, c'est ce que l'on ferait ? Oublier et ne pas parler de ce moment ? L'ange était un peu déçu. Il s'attendait à une suite dès son retour. Peut-être plus tard, qui sait ? Mais à mieux y penser, cela était en fait assez prévisible. Si elle ne voulait pas en parler Frantz ne la forcerait pas, ni remettrait cela sur le tapis. A quoi bon ? C'était peut-être mieux ainsi. Ils avaient toute une nouvelle vie pour jouer. Puis elle reprit la conversation du tout début.

« Je n'ai pas visité grand chose, mais d'accord. On ira se balader où tu veux. Après manger, on pourra également se rendre à ton adresse. Tu as déjà visité ton appartement ? »

L'ange continuait à manger. Il avait déjà mis une bonne claque à son plat. Il avait mangé toute la viande, les saucisses et patates. Il lui restait encore du chou et quelques accompagnements.

« Oui avec grand plaisir. Euhhh pour mon appart, disons que je n'ai pas encore cherché, ni fait aucun document, ni rien du tout, donc…. »

Il ne finit pas sa phrase et se contenta de faire un grand sourire chaleureux. Observé par Alessa, il termina ensuite sa choucroute. Lorsque son assiette fut nettoyée avec une tranche de pain, il termina la dernière gorgée de sa bière qu'il avait laissé.

« C'était très bon, merci pour ce repas. Je te le rembourserait, ne t'en fais pas. Nous pouvons y allons maintenant. »

Il leva la main pour appeler le serveur pour demander l'addition.

Lorsque la femme-fouine revint à table, le plat de l'ange était quasiment terminé. Son compagnon devait avoir sacrément faim pour avoir tout engloutir si vite ! Puisqu'il avait un bon appétit, il devait donc être en parfaite santé. Cela la rassura un peu. Au départ, elle avait craint que l’hôpital le relâche trop tôt. Mais ce n'était pas le cas : il pouvait aisément voler, mangeait bien et semblait en forme.

« Alors, c'est aussi bon que l'indique le panneau à l'entrée ? »
« Oui je me régale. C'est divin. Désolé si je t'aies pas attendue : comme tu ne mangeais pas et que c'est meilleur chaud... »
« Oh, il n'y a pas de soucis. Tu n'as pas à t'excuser pour si peu. »

De nouveau elle but sa Licorne. Les bières alsaciennes et les bières d'Abbaye étaient ses préférées, car elles avaient plus de goût que les autres. A ses yeux, les Heineken ne faisaient clairement pas le poids. Elle affirmait même que c'était l'un des pires alcools qu'elle avait pu goûter. Les bières blondes, telle que la Licorne, étaient de loin les meilleures. Après, elle n'y connaissait pas grand chose et donnait surtout son avis gustatif. Elle n'avait pas le palais assez expert et ne consommait pas souvent. Le chérubin en savait bien plus qu'elle, car il semblait aimer tout découvrir. D'ailleurs, elle était contente que celui-ci ne lui reparle pas de ce qu'il s'était passé. Cela lui permettait de se remettre de ses émotions. Elle savait qu'elle le taquinerait à nouveau plus tard. C'est juste que sur le coup, elle ne s'y était vraiment pas attendue. Serait-il allé plus loin si elle l'avait laissé faire ? La réponse était difficile à savoir, car il n'était pas le genre à dire ce qu'il ressentait. Frantz était quelqu'un pour qui les gestes étaient plus parlants que les mots. En l'observant, elle avait compris qu'une accolade ou une caresse avait plus de sens qu'un ''je t'adore''.

« Oui avec grand plaisir. Euhhh pour mon appart, disons que je n'ai pas encore cherché, ni fait aucun document, ni rien du tout, donc…. »
« Ah bon ?... »

L'idée qu'il vienne chez elle lui traversa l'esprit. L'hybride aurait apprécié sa présence, qu'il dorme sur le canapé ou avec elle. Deux amis pouvaient très bien se reposer côte à côte sans être tentés... Mais était-ce leur cas à tous les deux ? N'allait-elle pas avoir les mains baladeuses si elle le voyait torse-nu ? Et lui, comment réagirait-il si elle l'enlaçait en nuisette ? En se rendant à l'évidence, elle se mordit la lèvre. Bien sûr qu'elle craquerait et cela mettrait leur amitié en péril... A moins que les choses changent -ce dont elle doutait- il ne valait mieux pas qu'elle lui propose son lit. Son canapé ferait tout simplement l'affaire.

« C'était très bon, merci pour ce repas. Je te le rembourserait, ne t'en fais pas. Nous pouvons y allons maintenant. »

L'angelot la sortit de ses pensées : il avait déjà tout terminé, avait même saucé et s'apprêtait à demander l'addition. Afin d'attirer son attention, Alessa attrapa son ami le bras. Elle trouvait qu'il n'avait pas assez mangé. Comme elle le craignait avant qu'ils ne prennent commande, il n'oserait jamais prendre un dessert. Quel idiot, il n'avait pas à se priver sous prétexte que c'était à elle de payer !

« Je te connais, tu ne dirais pas non à un dessert. Pfff, tu devrais savoir que tu n'as pas à te priver... » (Le serveur était à présent près d'eux.) « Nous voudrions un dessert chocolaté, s'il vous plaît. Un gâteau ou quelque chose qui s'en approche. »
« Nous avons un fondant avec un coulis et une boule de glace. » proposa l'homme en jouant avec un stylo.
« Ce sera parfait merci. »

Elle ne savait pas trop si l'ange appréciait ce genre de dessert. Elle l'avait déjà vu en manger un fois, néanmoins il préférait peut-être les fruits, les glaces ou les gâteaux copieux. Lui imposer le fondant était surtout une façon de lui montrer son exaspération. Il savait très bien qu'il pouvait demander ce qu'il voulait, mais il n'avait pas osé. La commande arriva très vite. La jeune femme remercia le serveur, puis se retourna vers son compagnon avec un large sourire aux lèvres. Ce rictus en disait long sur le fond de sa pensée et Frantz devait tout à coup se sentir méfiant... Alessa se redressa pour venir s'asseoir sur les genoux de son ami. Pour qu'il ne rechigne pas, elle justifia son geste très rapidement.

« Tais-toi et ne dis rien. Tu mangeras car tu as encore faim. Et j'ai le droit de m'installer là, car tu es allé bien plus loin que moi... Donc tu manges, c'est tout. »

Prenant la cuillère, elle détourna son visage du chérubin. Le pauvre n'avait pas eu son mot à dire... C'était comme ça, tant pis pour lui. Les joues de l'hybride s'empourprèrent lorsqu'elle brandit un peu du dessert devant les lèvres de celui qui faisait chavirer son coeur.

« On ouvre la bouche ! » fit-elle en voyant son sang faire bouillir ses joues.

Ainsi assise, elle sentit de nouveau les émotions la faire chavirer. Si elle voulait l'embrasser, il suffisait qu'elle tourne la tête, puis s'approche de quelques misérables centimètres. De là, elle pouvait également glisser sa tête dans son cou pour le parsemer de baisers. Hélas, ce qu'elle pouvait faire n'était pas à sens unique : Frantz aussi pouvait agir. Dans cette position, il lui était impossible de fuir et se trouvait à sa merci. Ses mains autrefois sur sa cuisse, pouvaient venir glisser le long de son dos, sur ses hanches, voire ses fesses... A cette idée, elle s'empourpra de plus belle. Sans solliciter son avis, elle lui fourra la cuillère dans la bouche.

« Je ne savais pas quoi te prendre... Et puis, ça t'apprendra à ne pas choisir toi-même. J'espère que ça te plaît... » déclara-t-elle avec amusement.

Le provoquer n'était pas la meilleure chose à faire, toutefois c'était plus fort qu'elle. Son cœur battait à tout rompre, car de nouveau les idées fusaient dans son esprit. Elle se demandait si lui aussi songeait à elle comme elle le faisait. Peut-être réagissait-il en la sentant sur ses genoux ? Quoi qu'il en soit, il avait de quoi combler sa vue... Son pull n'était pas décolleté, néanmoins on voyait tout de même la naissance de ses seins... Elle reposa la cuillère, rajusta son haut pour qu'il ne se rince plus l'oeil, puis reprit le petit plat. Il ne valait mieux pas trop le tenter... Il avait déjà glissé sa main près de sa jupe, il pouvait très bien recommencer... D'autant plus que la table dissimulerait bien son geste... Un peu de chocolat se trouvait sur la commissure des lèvres du garçon. Elle sourit en l'estompant avec son pouce.

« Tu pourrais au moins manger proprement. »

Elle espérait ne pas être trop lourde pour lui. Mais à moins qu'il lui ordonne de dégager, elle l'obligerait à finir le dessert.

Alessa attrapa son compagnon par le bras, ce qui le fit baisser la main. Frantz se tourna immédiatement vers elle, la regarda d'un air interrogateur et surpris. Le serveur avait remarqué le bras en l'air du jeune homme, il était en marche pour venir voir ce qu'il désirait.

« Qu'est ce que tu fais ? Le serveur approche... »
« Je te connais, tu ne dirais pas non à un dessert. Pfff, tu devrais savoir que tu n'as pas à te priver... Nous voudrions un dessert chocolaté, s'il vous plaît. Un gâteau ou quelque chose qui s'en approche. »
« Nous avons un fondant avec un coulis et une boule de glace. » proposa l'homme en jouant avec un stylo.
« Ce sera parfait merci. »
« Roh tu n'aurais pas dû, je m'en serais passé aisément et j'ai déjà beaucoup mangé ! Et surtout, ce sont tes sous ! Tu aurais dû les garder, j'en ai déjà abusé. » dit-il d'une voix basse et triste.

Le serveur revint assez vite avec le gâteau. Le « couple » le remercia, puis il prit congé d'eux. Le dessert avait l'air succulent : légèrement chaud, une petite fumée s’élevait de lui. A coté se trouvait du coulis de fruits rouges sur lequel une boule de glace vanille trempait dedans. Alessa se tourna vers l'angelot. Elle avait le sourire d'un enfant qui se préparait à faire une bêtise. Frantz recula sa tête de quelques centimètres. Ses yeux étaient grand écarquillés et scrutaient le sourire malicieux. Qu'avait-elle en tète ? Pourquoi un si grand sourire ? Elle préparait quelque chose il en était sur, mais quoi donc ?
L'hybride se leva et s'assit de travers, sur les genoux de Frantz. Celui-ci était bouche bée. Il ne s'attendait pas du tout à cela. Il avait les bras grand ouverts, n'osant pas toucher, ni enlacer sa compagne à cause de ce qu'il s'était passé précédemment. Mais son plus grand problème était : où mettre les mains ? Il faudrait bien qu'il la retienne un peu pour ne pas qu'elle glisse... Alors pour le moment, il se contenta de l'entourer par la taille avec son bras droit. Dans cette position on pouvait distinguer le début de son décolleté. Sa poitrine était si près de lui : à une vingtaine de centimètres... Frantz posa de discrets regards en sa direction, essayant de profiter au mieux de cette vue plongeante. Des pensées sexuelles recommençaient à envahir sa tète. Il se remit à imaginer les seins de la demoiselle dans sa bouche. A cette idée, sa main libre eut un réflexe de palpation dans le vent, pensant tenir un des objets de son désir.
Plus il tentait de résister à la tentation, plus cela l'attirait. En y repensant à chaque fois qu'il fut en la compagnie d'Alessa, il la voulait. A chaque nouvelle rencontre cela devenait de plus en plus fort. Au tout début de leur rencontre, c'était une simple accolade, un câlin, un bisou, ... Mais au cours du temps, il la désirait de plus en plus, et plus que tout, lui faire des choses de plus en plus coquines. Avec toutes ces pensées, son attribut masculin se gonflait petit à petit. Stop, il fallait qu'il se calme ! Alessa était plus ou moins assise dessus... Frantz avait peur qu'elle parvienne à sentir ce volume qu'il n'avait pas précédemment. Il était terriblement gêné et gesticulait sur sa chaise pour tenter d'effacer ce ressenti.

« Tais-toi et ne dis rien. Tu mangeras car tu as encore faim. Et j'ai le droit de m'installer là, car tu es allé bien plus loin que moi... Donc tu manges, c'est tout. »

Alessa remplit la cuillère du gâteau et trempa un peu de coulis dessus, puis elle la rapprocha de la bouche de Frantz. Les deux êtres étaient tous les deux rouge pivoines. Ils avaient souvent été très proches, mais jamais l'un sur l'autre.

« On ouvre la bouche ! » fit-elle d'un air assez gêné.

Ensuite, elle glissa la nourriture dans la bouche du chérubin et retira la cuillère. Cela était très agréable : avoir ainsi la femme que l'on veut s'occuper de soi. On pouvait sentir que l'assurance de l'hybride cachait bien des choses. La voir ainsi donnait du courage à Frantz. Il décida donc de faire glisser la main qui la tenait à la taille. Il entreprit de la mettre sous son pull, puis sous son t-shirt. Une fois la main calée contre son dos et sous ses vêtements, ses doigts longèrent sensuellement sa colonne vertébral et ses muscles. Ce geste devait sûrement lui provoquer des frissons. Il luttait pour ne pas descendre sa main plus bas sur son postérieur, mais il résista en poursuivant son « massage ».

« Je ne savais pas quoi te prendre... Et puis, ça t'apprendra à ne pas choisir toi-même. J'espère que ça te plaît... »
« Ca me convient très bien, tu sais bien que ce n'est pas pour cette raison que je n'en ai pas choisi. »

Puis elle reposa la cuillère pour rajuster son pull au niveau de sa poitrine. La main du chérubin dans le dos avait dû déplacer ses vêtements, rendant sans doute son haut un peu trop décolleté pour elle. Surtout que le regard de l'ange se posait juste en dessus d'elle... Il était prêt à traquer des yeux le moindre centimètre visible. Un peu de chocolat se trouvait sur le coin de la bouche de Frantz ; la semi fouine l'enleva avec son pouce. Il ne lui fallut pas beaucoup d'imagination pour penser à Alessa venant coller sa bouche à la sienne et prendre le chocolat avec sa langue, pour ensuite aller jouer dedans avec la sienne.

« Tu pourrais au moins manger proprement. »
« C'était pour que tu viennes le prendre avec ta bouche. »

La phrase lui était venue toute seule. Il sentit la panique l'envahir, son cœur battait la chamade. Il espérait qu'elle ne l'ait pas entendu. Alors l'ange baissa la tête et remonta ses genoux pour bien remettre en place l'hybride sur ses jambes. Il en profita aussi pour poser sa main gauche sur le haut de la cuisse droite d'Alessa, pendant que la deuxième était toujours dans son dos. Il l'avait légèrement déplacée avec ses genoux pour faire comme si elle glissait. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour poser sa main sur elle. Il la serra fort contre lui, mettant sa tête sur son épaule. Puis il cessa l'étreinte, permettant à la jeune femme de reprendre son activité d'''assistante dessert''.

Frantz se laissait faire et mangeait volontiers ce qu'on lui tendait. Même si la situation était gênante, l'hybride était ravie de partager ce moment d'intimité avec lui. D'ailleurs, elle fut contente de sentir le bras de l'ange l'entourer par la taille. A ses yeux, ce geste n'était pas provocateur, ni taquin. Il la soutenait pour ne pas qu'elle tombe, tout simplement. Elle l'avait donc laissé faire et avait continué de lui donner à manger en souriant. Si elle avait su qu'il fixait sa poitrine avec autant d'insistance, sa réaction aurait sans doute été bien différente... Evidemment, elle n'avait pas su que des idées lubriques traversaient l'esprit de son compagnon, ni même que cela l'avait ''réveillé''. Même si elle l'avait un peu senti, elle n'avait pas non plus prêté attention à ce qui grossissait progressivement sous elle...
Quand la main, autrefois sur sa hanche, avait glissé sous les vêtements de la brunette, elle s'était sentit perturbée. Progressivement, les doigts avaient glissé le long de son dos, lui provoquant alors plusieurs frissons. Elle avait lutté pour ne pas chavirer sous le parcours improvisé du chérubin. S'ils n'avaient pas été dans un lieu public, elle se serait sans doute laissée faire... Malheureusement ce n'était pas le cas. Ce fut la seconde raison pour laquelle elle avait rajusté son pull.

« Je ne savais pas quoi te prendre... Et puis, ça t'apprendra à ne pas choisir toi-même. J'espère que ça te plaît... »
« Ca me convient très bien, tu sais bien que ce n'est pas pour cette raison que je n'en ai pas choisi. »
« Ta raison était ridicule. Je ne vois pas pourquoi il faut que tu te prives comme ça. »

Lorsqu'elle avait nettoyé le coin des lèvres de Frantz, ce dernier avait rétorqué du tac au tac. Ce fut cette réponse qui la paralysa. Ses propos n'avaient pas été très audibles, mais elle en avait très bien saisi le sens :

« Tu pourrais au moins manger proprement. »
« C'était pour que tu viennes le prendre avec ta bouche. »

Elle le scruta avec étonnement, comme si une absurdité s'était échappée de sa bouche. Avec difficulté, elle essaya de ne pas s'affoler. Etait-il sérieux ? Ce genre de propos n'étaient vraiment pas amicaux... Pouvait-elle en conclure qu'il voulait aller plus loin ? Elle n'envisageait pas un sex-friend avec lui et espérait qu'il était du même avis. Une fois de plus, elle rejeta sa chevelure derrière son oreille. La femme-fouine était de plus en plus inquiète : Frantz l'attirait vraiment. Tel un aimant négatif attiré par un autre positif, elle se sentait envoûtée par cet être parfait. Elle admirait tout de lui : son visage dans lequel elle se perdait souvent, sa musculature qu'elle aurait voulu voir plus en détail, la douceur de ses mains qui la touchaient de plus en plus, … Son admiration n'était pas que physique. En effet, elle appréciait son intelligence, sa franchise, sa difficulté à montrer ses sentiments, la malice dont il faisait si souvent preuve, sa gentillesse à son égard ou encore sa capacité à ne pas se détourner de ce en quoi il croyait. L'ange avait des principes et il lui suivait. Elle n'aurait jamais pu faire une liste de tout ce qu'elle aimait en lui, car c'était tout bonnement trop long. De plus, elle avait l'impression de découvrir sans cesse une nouvelle facette de sa personnalité. Il la séduisait tellement.
Voilà pourquoi elle avait envie de le connaître autrement qu'un ami en goûtant à ses lèvres avec douceur... Mais elle était si craintive. Il était hors de question qu'elle cède ! Certains hommes pouvaient être aussi malsains que d'autres femmes : ils prennent ce qu'ils désirent, puis rejettent la chose qu'ils ont consumée en la remplaçant par une autre. Or, la brunette ne voulait pas être l'un de ces jouets que l'on exploite et que l'on s'amuse à briser avant de le jeter. Comme elle se méfiait de la gente masculine, elle préférait donc garder son opinion... Cette décision était si douloureuse ! Elle connaissait assez Frantz pour savoir qu'il n'était pas comme ça... Et pourtant elle avait peur. Elle ne voulait pas non plus d'un ''Je t'aime'' forcé ou prématuré. Non. Elle souhaitait simplement savoir où ils en étaient et si, comme elle, il avait envie d'essayer d'aller plus loin... Comment pouvait-elle lui dire ? Tout cela était bien confus dans sa tête.
Son compagnon la pencha un peu, de sorte à ce qu'elle glisse contre lui. A peine fut elle arrivée à la place qu'il souhaitait, il la colla contre son torse. Avec tendresse, il mit sa tête sur son épaule et la serra doucement. L'étreinte dura quelques secondes, puis il la relâcha comme s'il avait eu honte de l'avoir à ses côtés. Alessa ne avait pas donné suite à la provocation précédente. Il était temps de le faire. Lentement, elle s'approcha des lèvres de son ami et lui souffla :

« Ne dis pas des choses que tu serais incapable d'assumer... »

Elle faisait bien sûr allusion à un baiser. Tout à coup, un toussotement survint à leur gauche. Les joues rouge vif, la brunette recula en s'excusant. C'était le serveur qui demandait s'ils avaient terminé leur dessert. Bien évidemment, il n'était pas aveugle et savait très bien qu'il en restait dans l'assiette. Son intervention avait surtout pour but de les séparer : ils étaient dans un lieu public et n'avaient pas à être indécents. Elle présenta de nouveau ses excuses avant de se relever et de suivre l'inconnu pour régler l'addition.

« Je te laisse finir, Frantz. Je vais régler le repas. »

Encore loupé... Elle aurait bien voulu savoir ce qu'il aurait répondu sur l'instant. Après avoir fouillé dans son sac, elle tendit quelques billets au serveur qui lui rendit la monnaie en lui souhaitant une bonne journée. Elle revint vers l'ange qui était toujours à table. En lui adressant un large sourire, elle lui tendit la main.

« On va à ton adresse ou bien tu préfères déposer tes affaires à mon appartement ? Je t’offrirai du café pour digérer, si tu veux. »

« Ne dis pas des choses que tu serais incapable d'assumer... »

A ces mots l'ange voulu rétorquer une réponse cinglante de ce qu'il ressentait pour elle. Il se sentait prêt pour cela ! Surtout qu'avec leur rapprochement et les actions précédentes, c'était le moment propice. Mais un toussotement retentit sur leur gauche. Le serveur était là, debout, il leur demanda s'ils avaient fini leur dessert. Alessa présenta ses excuses, s'enleva des genoux de Frantz et suivit le serveur pour payer le dîné.

« Je te laisse finir, Frantz. Je vais régler le repas. »
« D'accord, à tout de suite. »

L’être divin était dégoûté de ne pas avoir eu le temps répondre, il aurait tellement voulu tenter sa chance ! C'était l’occasion rêvée... Mais comment aurait bien pu réagir Alessa ? L'angelot n'était sûr de rien. Peut-être l'aurait-elle envoyé balader pour on ne sait quelle raison ? Peut-être étaient-ils trop amis pour devenir plus ? Peut-être avait t-elle déjà trouvé une autre personne à son travail ? Ce qui était sûr, c'est qu'il ne le saurait pas, du moins pas pour le moment. Il termina son dessert en se tracassant la tête, en tenant d’imaginer ce qu'aurait pu être la suite si le serveur n'était pas intervenu. Tout en ingurgitant son dessert, il se perdit dans ses pensées qui étaient de toute sorte : de celles qu'il souhaitait le plus, jusqu'à ses pires cauchemars. Une fois son repas fini, il releva la tête pour apercevoir l'hybride en train de finaliser le paiement. Cette tache accomplie, elle revint à la table. Durant ce cours trajet, ce fut impossible pour Frantz de ne pas observer son corps...et ses lèvres qui auraient pu, sans un coup de vice du destin, lui appartenir. Cela allait le ronger longtemps et il savait. Lorsque la semi-fouine arriva à la table, elle lui adressa un large sourire.

« On va à ton adresse ou bien tu préfères déposer tes affaires à mon appartement ? Je t’offrirai du café pour digérer, si tu veux. »
« Hum.... ? Comment refuser une invitation d'un bon petit café chez toi ? Il est encore assez tôt, j'ai largement le temps, surtout si c'est pour le passer à tes cotés. Alors partons pour chez toi ! » dit-il avec les yeux brillants.

Les deux compagnons sortirent du restaurant. Après une bonne centaine de pas, Frantz proposa à Alessa de l'emmener en volant.

« Ca te dit que je t’emmène ? On y sera bien plus vite et surtout, à vrai dire, j'ai bien trop mangé. Marcher après cela n'est pas vraiment le mieux... »

Puis il se colla à Alessa. Il glissa une main dans son dos et prit ses jambes avec la deuxième en espérant qu'elle se laisse faire et ne rechigne pas trop à cette option. Une fois la demoiselle bien installée dans les bras de son prince volant blanc, celui-ci déplia ses ailes et s'envola. En quelques battements d'ailes, ils se retrouvèrent à une dizaine de mètres du sol. L'ange remonta un peu plus haut, car le vent était assez chaud et soufflait fort. Cela le porterait mieux et limiterait sa dépense d’énergie, même si voler ne lui en demandait que très peu. Frantz suivait les indications de sa cavalière. En volant, ils ne mirent guère longtemps à arriver. Pas plus de dix minutes. Une fois devant le bâtiment. L'ange entama sa descente et posa délicatement sa comparse.

« Alors c'est ici chez toi ? Tu es près du centre, c'est bien pratique, tout est à porté. Par contre en rentrant, il faudra que je te vole la douche. J'aimerais bien me faire une petite beauté, comme plus tard j'ai l'entretien. »

En revenant vers lui, Alessa devina à sa moue boudeuse que son compagnon était assez déçu. Mais déçu de quoi ? Peut-être attendait-il qu'elle se déclare ? C'est vrai que contrairement à d'autres demoiselles, elle n'avait pas peur de faire le premier pas. Un peu féministe sur les bords, elle ne voyait aucun inconvénient à payer cinquante-cinquante ou à offrir un repas à ses proches. Avec elle, les garçons n'étaient pas obligés de tenir vingt ans une porte, ni de tirer sa chaise pour qu'elle prenne place. Elle n'était pas une princesse et savait se débrouiller toute seule. Bien sûr, elle n'était pas insensible aux petites attentions ou à la courtoisie, mais elle n'en faisait pas une maladie comme certaines filles.

« Hum.... ? Comment refuser une invitation d'un bon petit café chez toi ? Il est encore assez tôt, j'ai largement le temps, surtout si c'est pour le passer à tes cotés. Alors partons pour chez toi ! »

Cette réponse lui réchauffa le cœur. Tout comme elle, l'ange voulait passer du temps à ses côtés. Bien qu'elle peine à donner un nom à leur relation ambiguë, elle savait au moins qu'il était sincère. Rougissant un peu et affichant une mine joyeuse, elle adapta sa marche à celle de l'angelot. Elle aurait voulu que le temps cesse pour pouvoir rester à ses côtés, l'admirer furtivement, sentir sa présence. Au bout de quelques minutes, il se tourna vers elle.

« Ca te dit que je t’emmène ? On y sera bien plus vite et surtout, à vrai dire, j'ai bien trop mangé. Marcher après cela n'est pas vraiment le mieux... »

Elle se sentit coupable : c'était sa faute s'il avait trop mangé. A cause d'elle, il allait avoir mal au ventre pendant tout l'après-midi. A cause d'elle, il allait peut-être rater son entretien. A cause d'elle, il avait du mal à se déplacer. Quelle idiote. Baissant la tête comme un animal que l'on avait réprimandé, elle murmura un « Pardon. » presque inaudible. Elle s'en voulait terriblement, si bien qu'elle ne rechigna pas lorsqu'il la prit dans ses bras. Comme dans les films, il la soutint par les jambes et le dos. Il fallait qu'il la repose, elle devait être trop lourde pour lui. Alors qu'elle tentait de bouger un peu, elle le sentit raffermir sa prise. Très bien, s'il ne voulait pas la lâcher, elle répartirait mieux son poids. Elle plaça donc ses bras autour du cou du jeune homme, puis colla sa tête contre son torse. Etre contre lui était tellement agréable...
Très vite il fit apparaître ses ailes avec lesquelles il s'envola dans les airs. L'hybride le laissa faire et essaya de ne pas trop remuer pour ne pas perturber sa concentration. Pendant le vol, elle lui indiqua la direction à prendre, commentant parfois la ville pour lui présenter les lieux importants. Elle lui montra la piscine dans laquelle elle travaillait, un petit parc, une boulangerie où les pâtisseries étaient délicieuses, ainsi qu'un bâtiment administratif. Le vent giflait de temps en temps ses joues qui s'empourprèrent à cause du froid. Avec timidité, elle tourna davantage son visage vers le torse du garçon. Elle pouvait humer son odeur... Cela la rendait folle, c'était comme si elle se droguait avec sa fragrance. Leur amitié n'avait plus de sens, elle n'en pouvait plus de représenter que ''ça'' pour lui. Il fallait vraiment qu'elle lui demande où ils en étaient, car cette relation douteuse la rongeait plus qu'autre chose. Elle devait savoir si elle devait se comporter comme une camarade ou une femme qui était sienne...

« C'est là. L'immeuble crème au toit aplati. » nota-elle à son ami.

Aussitôt, il descendit du ciel pour déposer la brunette par terre. Tanguant un peu sur ses deux jambes, elle farfouilla dans son sac afin de récupérer ses clefs. Ses affaires étaient un véritable bazar ! C'est donc en écoutant ce qu'on lui disait qu'elle peina à trouver ce qu'elle désirait.

« Alors c'est ici chez toi ? Tu es près du centre, c'est bien pratique, tout est à porté. Par contre en rentrant, il faudra que je te vole la douche. J'aimerais bien me faire une petite beauté, comme plus tard j'ai l'entretien. »
« Oui, c'est assez pratique. Pas de soucis, je te préparerai la salle de bain. »

Elle s'approcha d'un digicode sur lequel elle pianota une suite de chiffres qui lui permit de pénétrer à l'intérieur du bâtiment. Contrairement à d'autres battisses, ils n'avaient pas le choix entre l'ascenseur ou les escaliers. Le foyer était principalement loué par des étudiants ou des personnes non-handicapés, si bien que rien n'avait été réaménagé. Quelle dommage, elle était certaine qu'une scène dans l'ascenseur aurait été... Intéressante. Les deux jeunes gens grimpèrent jusqu'au dernier étage, puis s'arrêtèrent devant une porte blanchâtre où était accroché un petit écriteau « A. Bouvier ».

« Désolée, certaines choses ne sont pas rangées... » murmura la femme-fouine avec gène.

En effet, il y avait un étendoir rempli de vêtements au milieu du salon-salle à manger. Habituée à ne pas avoir de visite, Alessa avait laissé son linge sécher là... Elle espérait qu'il ne ferait pas attention à ce qu'il y avait d'étendu, car elle n'aurait pas su quoi dire s'il avait remarqué ses ensembles rouges ou ses dessous en dentelle... Pour ne pas qu'il regarde ses habits, elle l'entraîna dans la cuisine. Cette pièce possédait un beau plan de travail où il était agréable de préparer des petits plats. Elle alluma la machine à café.

« Euh reste-là, je vais te préparer la salle de bain. »

Elle fila immédiatement dans le salon où elle déplaça l'étendoir. Ca irait dans sa chambre derrière sa porte, au moins il se rendrait pas là-bas. Au cas où, elle dissimula le tout avec une serviette de bain. Elle en prit une seconde qu'elle déposa près de la douche. Après avoir mis les gels-douche et les shampoings en évidence, elle quitta la pièce pour rejoindre son compagnon.

« Voilà, la salle de bain est prête. Comme tu es grand, tu n'auras pas besoin de moi... Mais si tu manques de quelque chose, viens me voir... »

Tout sourire, elle plaça le café poudreux dans la cafetière, puis y ajouta de l'eau. Le temps qu'il termine sa douche, la boisson serait prête. En examinant son visage et plus précisément ses lèvres, l'hybride s'imagina être contre lui sous le jet d'eau. Il ne fallait pas qu'elle y pense... Confuse, elle attrapa le bras de Frantz, puis le conduisit devant la salle de bain. Elle lui indiqua ce qu'elle avait préparé :

« Je t'ai sorti une serviette ici. Tu as tout ce qu'il faut dans la douche... Le chaud met un peu de temps à venir, mais quand il est là, fais attention à ne pas t'ébouillanter ! Et puis... Voilà... »

Le cœur battant, elle décida de conclure par un baiser dans le cou.

« Bonne douche ! »

Elle fila dans la cuisine en regrettant de ne pas avoir décalé ses lèvres ailleurs...

Une fois arrivé devant le bâtiment, Alessa composa un code sur le digicode. Etant devant Frantz, celui-ci ne put le voir. Dommage. Il aurait bien voulu le retenir pour pouvoir venir faire des blagues dans son immeuble, comme par exemple aller se poser devant sa porte en position de dieu du stade et sonner chez elle. L'ange poussa un petit ricanement à cette idée. Le code tapé, ils entrèrent dans l'immeuble et commencèrent l’ascension des escaliers. Bien que l'hybride habitait au dernière étage et que cela était assez fatiguant de tout gravir. L'angelot était assez content de monter à pied pour deux raisons. La première était que la choucroute mangée en vitesse était assez peu digeste, alors être enfermé dans un espace de 2m² risquait d’être fort désagréable... Surtout si l'angelot décidait de laisser partir un gaz odorant ! Une demi fouine devait sûrement avoir l'odorat sur-développé et cette action briserait l'image de l'ange envers sa compagne. De plus, il savait qu'elle ne manquerait pas de le taquiner ou de lui rappeler cette scène plus que de raison. Il n'en avait guère envie. La deuxième raison était que la magnifique demoiselle ouvrait la marche. Derrière elle, l'être divin pouvait délicatement et tranquillement savourer les courbes du postérieur de la maître nageuse en action de contraction. Arrivé en haut, Frantz avait le souffre à moitié coupé. Ces escaliers semblaient interminables ici aussi ! Il aurait bien utilisé ses ailes, mais il ne regrettait pas cette montée. Cela faisait de l’exercice et avait empli ses yeux de bonheur... Ce qui était sûr c'est qu'il fallait bien du courage à Alessa pour monter tout cela plusieurs fois par jour. Ca devait être un bon entraînement pour les parties inférieurs du corps...

« Désolée, certaines choses ne sont pas rangées... » murmura la femme-fouine avec un air gêné.
« Ne t'en fais pas pour les détails. »

Puis ils entrèrent par une porte blanchâtre. Un panneau y était accroché : « A. Bouvier ».
En avançant dans le salon, on ne pouvait pas ne pas remarquer un étendage pourvu de petite lingerie. L'ange faisait mine de ne pas s'y attardait dessus, mais il ne glissait que de discrets regards en coin. Il y avait en majorité des ensembles rouges et de la dentelle. Il n’eut aucun mal à l'imaginer dedans, ni de se visualiser en train de l'allonger sur son lit afin d'enlever ce peu de tissu coquin. L'angelot rougit à cette pensée. Alessa l'emmena à la cuisine pour certainement éviter qu'il dévore des yeux ses dessous. Elle alluma la cafetière, puis se tourna vers son conjoint.

« Euh reste-là, je vais te préparer la salle de bain. »

A cette phrase, l’être divin eut un léger rictus : préparer une salle de bain ! Il avait bien compris que c'était juste pour déplacer ses sous-vêtements, mais comme elle espérait qu'il ne les ait pas vus, elle ne pouvait pas le dire ainsi. Le bruit des pinces à linges claquant les unes sur les autres se fit entendre. L'invité profita de ce temps pour regarder la cuisine. C'était un très bel espace assez spacieux et qui possédait tous les appareils adéquats : four, micro-onde, mixeur, plaques de cuisson, un large plan de travail, ... Le tout dans une atmosphère sobre. On devait prendre plaisir à préparer de petits plats dans cette pièce ! En moins de cinq minutes, Alessa revint à la cuisine.

« Voilà, la salle de bain est prête. Comme tu es grand, tu n'auras pas besoin de moi... Mais si tu manques de quelque chose, viens me voir... »
« Pas besoin de toi ? Qui sait…. Etant maître-nageuse, tu dois bien savoir que l'eau est dangereuse... Peut-être faudra-t-il que tu viennes me sauver ? »

Le sourire sur les lèvres, la locataire remplit le filtre de café et versa de l'eau dans le réservoir de la cafetière. Puis, elle attrapa le bras de Frantz pour le mener jusqu'à la salle de bain où elle lui indiqua ce qu'elle était partie faire ultérieurement.

« Je t'ai sorti une serviette ici. Tu as tout ce qu'il faut dans la douche... Le chaud met un peu de temps à venir, mais quand il est là, fais attention à ne pas t'ébouillanter ! Et puis... Voilà... »

Que cherchait-elle à dire ? Se demanda l'ange. Celle-ci se rapprocha et lui fit un tendre baiser dans le cou, puis tourna sur elle-même pour filer en direction de la cuisine.

« Bonne douche ! »

Frantz resta quelques secondes tétanisé, il ne s’attendait pas à ça ! Pourquoi un bisou dans le cou ? Pourquoi pas ailleurs ? Pourquoi était-elle ensuite partie ? Quand il reprit ses esprits, il tenta d'attraper la main de la semi-fouine, mais celle-ci se trouvait déjà à un bon mètre de lui. Alors il ferma la porte de la salle de bain et se positionna devant le miroir. L'ange ne se trouvait pas particulièrement beau. Peut-être avait-il une once de charme, mais il en possédait tellement peu qu'il ne pouvait que se dénigrer sur ses défauts physiques plus que nombreux qu'il ne faisait que de fixer. Se délaissant du miroir, il commença par enlever son pull, puis son t-shirt. Son corps aussi n'était pas vraiment digne d'un grand sportif. Il y a des années, il se le sculptait en pratiquant beaucoup de sport dans plusieurs disciplines. Mais depuis, cela s’était estompé petit à petit avec le temps.
Il ne cessait de repenser au restaurant, à ce moment juste avant l'arrivée du serveur et de ce baiser d'il y a quelques minutes... Non, il ne pouvait pas rester comme cela ! Il fallait agir, faire quelque chose, mais quoi donc ? Il regarda ses propres yeux dans le reflet du miroir, cherchant en son fort intérieur. La réponse lui vint d'un coup. Il n'avait pas besoin de trop réfléchir. Frantz ouvrit donc la porte et se dirigea dans la cuisine où Alessa était en train de sortir des tasses d'un placard. Elle était de dos. Alors il se rapprocha d'elle et mit ses deux mains sur ses hanches tout en lui rendant son bisou dans le cou.

« Bisou volé ! »

Il était temps de préparer les tasses pour le café. Tout en recherchant des mugs de taille moyenne, Alessa songea à Frantz qui n'arrêtait pas de la taquiner. Il avait été difficile de ne pas lui répondre lorsqu'il avait affirmé que l'eau était dangereuse et qu'elle allait devoir le sauver. C'était frustrant : elle n'osait pas lui dire que si c'était pour lui faire du bouche à bouche, elle l'aurait noyé elle-même. Pensive, elle mit la main sur un mug bleu avec un motif floral. Elle en avait acheté plusieurs dans le même genre, avec à chaque fois un dessin représentant la nature : citrons en lamelle, fleurs des champs, coquelicots au vent, fraises coupées en deux, etc. Un peu de couleur ne faisait pas de mal et cela l'égayait à chaque petit déjeuner.
Pendant qu'elle trifouillait dans ses affaires, un bruit de pas se fit entendre derrière elle. Que faisait l'ange dans la cuisine ? N'avait-il pas dit vouloir se doucher ? Sous un soupir, elle ne fit pas attention à lui et partit dans une hésitation entre une tasse-citron et une kiwi. Ce fut une erreur... Les mains du garçon glissèrent sur ses hanches et elle le sentit goûter à son cou. Ce petit baiser était tout aussi intriguant que la douceur dont il avait fait preuve. L'hybride sentit les poils de sa nuque se dresser et sa queue se raidir sous sa jupe. Elle voulut se retourner pour le sonder du regard, mais son corps refusait de bouger. Tétanisée, elle l'entendit déclarer :

« Bisou volé ! »

Un léger tic déforma la bouche de la brunette puis, soudain, elle éclata de rire. Un rire léger et contenu par la gêne. C'était ridicule, il n'avait rien à faire là ! Elle n'allait pas non plus lui frotter le dos quand même... Quoi que si elle était sous l'eau, elle ne lui laverait pas que le dos... Les joues à vif, elle fit comme si rien ne s'était passé en reposant les mugs sur le plan de travail. Ensuite elle attrapa le sucre qu'elle posa à côté de la cafetière. Les mains autour de ses hanches l'empêchaient de se mouver correctement, alors elle les décolla et en profita pour faire face à l'angelot. Fronçant les sourcils, elle le scruta avec une mine mécontente.

« Tu appelles ça un ''bisou volé'', toi ? … Pfff... »

On aurait presque dit qu'elle allait s'énerver après lui. En effet, toujours avec cet air grincheux, elle ne le quittait pas des yeux.

« Ne t'avais-je pas expliqué qu'il ne fallait pas dire des choses que tu serais incapable d'assumer ? »

A peine eut-elle terminé sa phrase qu'elle attrapa le visage du jeune homme et captura ses lèvres. Il avait été prévenu, il n'avait qu'à en vouloir à lui-même. Ce vif baiser devint plus suave lorsqu'elle y ajouta sa langue. Son cœur battait à tout rompre, elle en aurait presque oublié de respirer... Portée par cet échange, elle ferma les paupières et s'avança contre lui. Progressivement, ses doigts quittèrent les joues de Frantz pour aller griffer son torse dénudé. Il n'allait certainement pas apprécier le fait qu'elle l'embrasse sans lui demander son avis, mais à vrai dire, elle n'en avait rien à faire. Après quelques instants, ses lèvres quittèrent celles de son compagnon. Elle le relâcha, puis reprit son travail comme si de rien était.

« La prochaine fois que tu me voles un baiser... Fais au moins ça bien... » commenta-t-elle en rajustant sa chevelure.

Dos à lui, Alessa le regarda en coin, avec un air plein de défi. Si ça ne tenait qu'à elle, il se serait retrouvé avec ses jambes autour de ses reins et sa bouche unie à la sienne. Cette accolade langoureuse n'était pas de la provocation... Mais il avait tout de même son mot à dire... A y réfléchir, elle avait peut-être brisé leur amitié. Allait-il partir en claquant la porte ? Etait-ce la dernière fois qu'elle le voyait ? Au moins elle serait fixée.

« Au fait... Tu as ta douche qui t'attend... »

Alessa éclata de rire après le bisou volé de Frantz. Qu'y avait-il de drôle ? S'interrogea l'ange. L'hybride ne semblait pas en être dérangée, car elle poursuivait tranquillement son activité, qui était de prendre deux mugs pour le café. Ses tasses étaient bien colorées et chacune était différente. Cela les rendait bien plus rigolotes que de simples tasses blanches. Puis elle prit le sucre qu'elle posa à coté de la cafetière.
L'angelot était abasourdi par la réaction de sa partenaire après le baiser... Enfin plus précisément, par sa non-réaction justement ! A part juste un léger rire moqueur, elle faisait comme si rien n'avait eu lieu. L'ange afficha alors une façade assez triste. Il n'avait plus qu'à aller se doucher après le vent de la semi-fouine.
Mais tout à coup, elle prit les mains de Frantz qui étaient toujours sur ses hanches. Elle se tourna vers lui avec un air sévère. Il s’attendait presque à recevoir une gifle, voire même un coup de boule en plein milieu du nez. Ses sourcils froncés, sa mâchoire contractée -Aie !- il allait y avoir du sang d'ange contre le mur...

« Tu appelles ça un ''bisou volé'', toi ? … Pfff... » fit-elle entre ses dents acérées, l'air mécontente, en le scrutant droit dans le yeux.

L'ange se serait presque cru attaché sur un pilonne à attendre d’être fusillé. Il attendait là, devant elle, l'air béat, ne comprenant pas jusqu'à présent sa réaction.

« Ne t'avais-je pas expliqué qu'il ne fallait pas dire des choses que tu serais incapable d'assumer ? »
« Si et …. »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, Alessa lui attrapa le visage, colla ses lèvres aux siennes et commença à l'embrasser. Sa langue vint alors s’initier dans la partie, Frantz lui rendant cela. Ils s’amusèrent avec leurs langues, leur bouche collées l'une à l'autre. Leur deux corps se rapprochèrent jusqu'à se retrouver en contact. Les doigts de l'hybride descendirent sur le torse de l'ange, le griffant sensuellement. Quant aux mains de son partenaire, elles longeaient son dos en profitant pour la serrer encore plus fort, puis continuèrent encore à descendre jusqu'à se poser sur ses fesses, exerçant de petites pressions dessus. Il s'était pris au jeu et était même prêt à poursuivre cela ! Il en avait rêvé tellement de fois : à chaque regard porté sur elle et durant les moments de solitude... Tellement de fois ! Après quelques instants, la semi-fouine le relâcha et reprit son travail comme si de rien était. Frantz n'aurait pas dit non à continuer leur langoureux baiser, mais tout comme leur histoire, il ne brusquerait rien de peur de la faire fuir.

« La prochaine fois que tu me voles un baiser... Fais au moins ça bien... » commenta-t-elle en rajustant sa chevelure.
« Hm, la prochaine fois, je ne t'en volerai pas qu'un seul et se sera à toi d'assumer. » dit-il en recroquevillant ses bras sur son torse comme s'il avait légèrement froid.

Puis elle se tourna de dos en le regardant avec défi.

« Au fait... Tu as ta douche qui t'attend... »
« Oui j'y vais, merci de me le rappeler, j'avais autre chose en tête. »

Frantz alla donc en direction de la douche, n'osant lui proposer de le rejoindre car c'était trop tôt. Il entra dans la salle de bain, ne fermant pas à clé derrière lui, avec l'espoir que peut-être elle viendrait même si c'était pratiquement sûr qu'elle ne le ferait pas. Ils avaient déjà franchi un grand pas dans leur relation. Il poursuivit son strip-tease devant la glace. En enlevant son caleçon, il n'avait pas remarqué qu'il avait eu tant de pensées déplacées... Une fois entièrement nu, il fit couler l'eau et attendit à coté en jouant avec le thermostat, le temps qu'elle devienne à bonne température. Une fois satisfait, il se glissa dessous, puis se lava avec les gels-douche pré-déposés à cette effigie. Ils avaient de doux parfums, c'était un plaisir de s'en badigeonner.
Durant toute la douche, Frantz se faisait des films de comment leur relation allait se passer. Étaient-ils devenus un couple ? Feraient-ils comme si rien ne s'était passé ? L'embrasserait-il de temps en temps ? S’éloigneraient-ils de honte suite à ce baiser ? L'ange avait envie de croire en leur relation. De toute manière, la réponse ne serait pas longue à arriver, il retrouverait Alessa à la sortie de sa douche. Après s’être savonné, il se rinça, se sécha, puis se revêtit. Il avait la peur au ventre. Avant de sortir, il prit une grande inspiration lorsque sa main était sur la poignée de la porte. Avec la douche, le café devait être prêt et sans doute déjà servi. Il alla à la cuisine, se dirigea vers sa camarade et tenta de l'embrasser avec un petit smack.

« Ca te dirait qu'on aille se poser sur ton canapé pour boire tranquillement ? »

L'angelot s'était montré aussi entreprenant que la jeune femme lorsque leurs lèvres s'étaient unies... Mais était-ce réellement sincère ? Alessa avait senti ses mains cascader le long de son dos pour la presser contre lui. La fougue de son compagnon ne s'était pas arrêtée là : il lui avait carrément mis les mains aux fesses ! Il ne faisait vraiment pas les choses à moitié... Au moins, il s'était fait plaisir ce ''petit ange pur''.

« Hm, la prochaine fois, je ne t'en volerai pas qu'un seul et ce sera à toi d'assumer. »

Ca tombait bien, elle avait ouvert le bal en l'embrassant. Il avait presque tapis rouge ! Libre à lui de recommencer à lui en voler, sauf s'il comptait se défiler. C'est hélas ce qu'il arriva.

« Au fait... Tu as ta douche qui t'attend... »
« Oui j'y vais, merci de me le rappeler, j'avais autre chose en tête. »

Après avoir fait volte-face, Frantz se dirigea vers la salle de bain où il s'enferma. Crétin ! Impuissante, la maître-nageuse se rendit compte qu'elle faisait de nouveau face à une promesse faite en l'air. Elle pensait qu'en le regardant avec un air plein de défi, il aurait poursuivi leurs échanges passionnés. Quel dommage qu'elle se soit totalement fourvoyée ! A vrai dire, elle avait pourtant espéré le faire réagir en capturant sa bouche... C'était la première fois qu'ils étaient allés si loin ! A ses yeux, la situation n'avait pas avancé, c'était même bien pire. Elle l'avait forcé à l'embrasser, tandis que lui en avait simplement profité avant de partir sous la douche. Par habitude, il avait dû prendre cet acte comme un jeu ou une provocation. Et comme elle s'était éloignée de lui, il en avait peut-être conclu que la distraction était terminée... D'un air abattu, elle s'appuya sur le comptoir où le son de l'eau, qui commençait à bouillir, indiquait que le café allait bientôt couler.

« Une fois de plus, tu n'as rien compris... » susurra-t-elle.

Le dégoût de la femme-fouine ne tarda pas à être remplacé par un air compétitif. Le chérubin n'avait pas saisi le sens de son baiser ? Qu'il en soit ainsi. Il était hors de question qu'elle baisse les bras avant de savoir où ils en étaient ! Tant qu'il ne la repousserait pas, elle irait toujours plus loin. Tandis que son ''ami'' se nettoyait, Alessa vida un paquet de gâteaux secs dans une petite assiette. Histoire de ne pas faire un gros tas compact, elle disposa les pâtisseries en forme de cœur. Peut-être qu'en réfléchissant un peu, il remarquerait un message subliminal ? Quand tout fut prêt, elle ne servit pas le café pour ne pas qu'il refroidisse. Elle se mit à attendre comme une idiote en s'imaginant être présente sous le jet d'eau. Sans doute devait-elle le rejoindre ? Cela lui aurait fait certainement plaisir, néanmoins elle ne savait pas si y aller serait une bonne idée. Finalement, le futur barman revint dans la pièce. Une odeur de fruits et de savon émanait de sa peau... L'hybride n'aurait jamais dû lui donner ces gels-douche ! Avec ces derniers, le garçon donnait envie d'être croqué, voire dévoré...

« Ca te dirait qu'on aille se poser sur ton canapé pour boire tranquillement ? » proposa-t-il en essayant de la smacker.

Par simple ego, la demoiselle détourna la tête au moment où il ne se trouvait qu'à quelques millimètres. Aussitôt, elle le toisa avec un air inquiet. Allait-il la rejeter si elle lui avouait ses doutes ? Embarrassée, elle avança plus près de lui afin de poser son index sur ses lèvres. La fragrance du savon titilla ses sens et elle peina à ne pas se laisser aller contre lui.

« Ce baiser tout à l'heure... Ce n'était pas un jeu... »

Sa voix était à peine audible, comme si un son trop fort aurait brisé cet instant d'intimité. Progressivement et en silence, ses doigts glissèrent le long des bras de Frantz, jusqu'à capturer ses mains. Après un temps d'hésitation, elle plaça ces dernières sur ses hanches, comme il l'avait fait avant de l'embrasser dans le cou. Les gestes de la jeune femme étaient doux pour ne pas l'effrayer ou brusquer les choses.

« Tu sais, Frantz, je n'arrive plus à suivre notre amitié... » (Son satané cœur battait à tout rompre, elle avait l'impression qu'elle allait abandonner et fuir.) « Nos taquineries sont devenues de plus en plus osées. Bien avant ta mort, je me posais déjà des questions sur ''Nous''... Avec ton décès, c'était pire : je ne pensais qu'à toi. »

Le teint d'Alessa alternait entre la gêne et la stupéfaction. Plus elle parlait, plus elle se sentait idiote.

« J'aimerais que tu comprennes que si nous allons plus loin que des câlins amicaux, tu ne joueras pas qu'avec une ''camarade''... Bien sûr, je ne te parle pas d'amour... Mais là. » (Elle désigna son propre cœur.) « Là, il y a les prémices de sentiments et de sensations qui ne sont pas qu'amicales. »

A présent, ses membres tremblotaient un peu. Cela ne l'empêcha pas de regarder celui qui occupait ses pensées dans les yeux. Elle en avait assez de tourner en rond, elle voulait tellement savoir s'il en était de même pour lui...

Alessa détourna la tête juste à quelques millimètres où leurs lèvres allaient se toucher. Frantz se remit donc tout droit devant-elle, attendant une explication. Avait-il fait quelque chose de mal ? Regrettait-elle le baiser de tout à l'heure ? Aurait-il du rester après pour parler avec elle ? Dans tous les cas il avait fait quelque chose qui avait déplu à la demoiselle. L'hybride l'examinait avec un air inquiet, puis elle s’avança prés de lui afin de poser son index sur ses lèvres. Il comprit que la sentence allait tomber et qu'il ne devait rien dire pour le moment. Son cœur battait la chamade, il avait peur de la suite des événements.

« Ce baiser tout à l'heure... Ce n'était pas un jeu... »

La semi-fouine parlait à voix basse, comme si elle murmurait un secret qui devait rester caché entre eux. Elle fit lentement glisser ses doigts sur le long des bras de Frantz et lui prit les mains lorsque celles-ci furent à porté. Une fois les unes dans les autres, la jeune demoiselle alla les placer sur ses hanches comme l'ange l'avait fait avant dans l'embrasser dans le cou. Ce geste là, le fit encore plus écarquiller les yeux. C'était comme si elle se donnait à lui. Tous ses gestes étaient doux et tendres comme si elle caressait un nouveau né.

« Tu sais, Frantz, je n'arrive plus à suivre notre amitié... »

Le cœur de l'angelot battait à un rythme fou, il allait exploser. Cette phrase en suspens pouvait avoir tellement de suites, dignes des plus grandes séries. L’être divin ne pouvait séparer son regard d'elle.

« Nos taquineries sont devenues de plus en plus osées. Bien avant ta mort, je me posais déjà des questions sur ''Nous''... Avec ton décès, c'était pire : je ne pensais qu'à toi. J'aimerais que tu comprennes que si nous allons plus loin que des câlins amicaux, tu ne joueras pas qu'avec une ''camarade''... Bien sûr, je ne te parle pas d'amour... Mais là. » (Elle désigna son propre cœur.) « Là, il y a les prémices de sentiments et de -sensations qui ne sont pas qu'amicales. »

C'était donc ça ? Une déclaration d'amour ou plutôt d'engagement, une vérification des sentiments de Frantz. Cela résonnait aussi un peu comme un ultimatum : il devait choisir l'amitié ou le couple. Bien évidemment, si c'était le deuxième choix, ce serait un amour inconditionnel. L'ange connaissait déjà parfaitement ses sentiments envers sa compagne et apparemment celle-ci éprouvait la même chose. Il était si heureux de l'apprendre. Il avait eu terriblement peur et maintenant il savait parfaitement quoi faire. L'angelot n'était absolument pas doué pour se déclarer ainsi. Il ne parlait ni beaucoup, ni très bien. Il espérait donc que son action suffise à Alessa comme preuve de son amour et qu'elle ne s'attendait pas à un beau poème digne de grand auteur à faire pleurer des statues... Il n'était pas non plus un chevalier sur son destrier blanc lui dévoilant son château en guise de son profond attachement.
Frantz enleva ses mains des hanches d'Alessa, les plaçant sur son cou. Il l'embrassa langoureusement, puis il vint se rapprocher encore plus près d'elle, collant sa bouche à son oreille tout en redescendant sa main droite sur les fesses de la fouine. Il lui susurra alors :

« Tes mots d'avant, j'ai toujours rêvé de te les dire, et si j'avais eu le courage de le faire ... ce serait ces propos qui seraient sortis de ma bouche. »

Puis il la ré-embrassa avec la langue.

« Alors, il n'est donc pas volé celui-ci ?..... ma chérie. »

Il la lâcha et partit vers la cafetière, remplit les deux mugs de café aux trois quart, les prit tous les deux avec sa main gauche par leur anse et se dirigea en direction du salon en prenant la main de l'hybride lorsqu'il passa devant elle. Une fois dans la pièce, il posa les tasses sur la table basse qui se tenait devant le canapé. Après quoi, il alla s’asseoir dessus pour ensuite prendre Alessa par les hanches et la faire s'agenouiller sur lui.

Le visage empourpré, la jeune femme ne détachait pas le regard de son compagnon. A présent, il ne pouvait plus se défiler ou jouer avec elle. A moins de s'enfuir en courant, il allait devoir faire preuve de franchise. Mais qu'allait-il répondre ? Comme il ne disait pas un mot, Alessa se demanda si elle avait bien fait de lui avouer ses sentiments. Elle s'apprêta à bougonner une excuse idiote, lorsque soudain Frantz remonta ses mains vers son cou. Son approche fut suivie d'un tendre baiser langoureux dans lequel elle faillit perdre haleine. Il n'était pas difficile de comprendre ce geste : il répondait à ce qu'elle lui avait dit... Bon sang, alors lui aussi aspirait à autre chose que de l'amitié ? C'était une évidence et pourtant, elle peinait à y croire... Par ailleurs, elle le laissa faire lorsqu'il se colla davantage contre elle et quand il glissa sa main sur ses fesses.

« Tes mots d'avant, j'ai toujours rêvé de te les dire, et si j'avais eu le courage de le faire ... ce serait ces propos qui seraient sortis de ma bouche. »

Entendre celui lui fit chaud au cœur. Elle eut envie d'appuyer sur le bouton ''pause'' afin de pleinement savourer cette révélation. Cela lui faisait tellement plaisir ! A la façon d'une adolescente, elle avait envie de lui sauter au cou et de ne plus le lâcher ! Mais sa surprise était trop intense pour qu'elle laisse libre cours à ses pulsions pittoresques... A moins qu'il réponde à ses avances, elle n'en ferait rien. Elle préféra donc garder ses désirs pour elle et décida de profiter du nouveau baiser qu'elle recevait. Cette fois-ci, elle ferma les yeux en laissant sa langue danser avec celle de celui qu'elle aimait. La fougue la gagna, si bien qu'elle se colla davantage contre lui, n'hésitant pas à écraser sa poitrine contre son torse. Elle comptait bien lui faire payer ses mains baladeuses avec de la provocation, mais ce qu'elle entendit la troubla.

« Alors, il n'est donc pas volé celui-ci ?..... ma chérie. »

C'est à cet instant qu'elle se rendit compte qu'ils avaient sauté un cap. Par le passé, le chérubin ne lui aurait jamais donné de petits surnoms... Elle non plus d'ailleurs. Ils se contentaient de leur simple prénom et ça n'allait pas plus loin. Rougissant de nouveau, Alessa baissa les yeux avec timidité. Elle se sentait totalement désarmée. Face à ses propres émotions, elle avait toujours du mal à se montrer naturelle. Elle était tellement plus à l'aise en le taquinant... Silencieuse, elle le regarda partir vers la cafetière. Frantz était vraiment un beau jeune homme. Quand elle l'avait rencontré, elle avait trouvé étonnant qu'il n'ait pas trouvé chaussure à son pied. L'ange remplit deux tasses, puis les tint dans une main. L'hybride aurait presque parié qu'il allait en renverser partout, toutefois son compagnon était attentif et traversa la pièce sans encombre. Il lui prit naturellement la main pour l’entraîner dans le salon. Le moindre de ses gestes était délicat, si bien qu'il ne fut pas difficile de se laisser emmener. Une fois les mugs posés sur la table basse, l'angelot attira la jeune femme sur ses genoux.

« Ce ne sera pas pratique de boire avec une masse devant toi... » remarqua la brunette en rajustant sa chevelure qui était tombée devant ses yeux lorsqu'elle s'était assise.

Tandis que ses joues viraient de nouveau au rouge, elle tourna la tête en direction des boissons chaudes. Mince. Quand il l'avait emmenée, elle n'avait pas eu le temps de prendre le sucre et les gâteaux. Mal à l'aise, elle hésita entre une réplique taquine ou une excuse pour cet oubli.

« Les biscuits sont restés avec le sucre dans la cuisine... Ils doivent se sentir bien seuls. Je vais les ramener. »

Aussitôt, elle se leva pour aller les chercher. En fait, il n'avait sans doute même pas remarqué l'absence des sucreries. Elle aussi aurait sans doute zappé si son cœur ne battait pas autant à tout rompre. Une fois les assiettes à table, elle se tourna vers son compagnon. Elle était partagée entre l'idée de s’asseoir de nouveau sur lui ou à ses côtés. Son poids n'était pas excessif, mais à force d'être sur lui, il allait avoir des crampes. Finalement, elle opta pour le faire languir en prenant place à sa gauche. Bien qu'il sache ses sentiments, elle ne comptait pas arrêter ses provocations... Les réactions du jeune homme étaient tellement surprenantes ! Le sourire en coin, elle fit glisser un sucre dans sa tasse, puis mélangea son breuvage.

« Tu t'es déjà préparé pour cet après-midi ? Je veux dire côté paperasse ou entretien... »

Son regard se fit malicieux quand elle le dévisagea tout en buvant son café.

« Si tu veux, je peux t'aider à réviser. Je ne suis pas forcément une bonne ''maîtresse'', mais je connais les bases de la langue française. »

Malgré son origine allemande, Frantz parlait très bien sa langue et ils le savaient tous les deux. Cette dernière phrase était simplement une façon de lui faire du rentre dedans. Reposant sa tasse sur sa propre cuisse, elle l'observa. En fait, elle voulait lui faire comprendre que malgré leur gêne mutuelle suite à cette déclaration, elle ne comptait pas arrêter ses taquineries. A vrai dire, cela l'incitait même à lui faire encore plus d'avances.

Alessa se laissa porter sur les genoux de Frantz, qui était heureux comme jamais. Il ne pensait qu'à la serrer fort contre lui, à l'embrasser, à lui faire des câlins et plein d'autres choses. Enfin ils étaient parvenus à passer le cap de leur relation ; après tant de temps, de jeux, de provocations, ... La finale éclatait avec apothéose. L'ange imaginait la scène comme avec de grands feux d'artifices derrière eux, comme dans les films d'amour remplis de clichés lorsqu'ils se sont embrassés.

« Ce ne sera pas pratique de boire avec une masse devant toi... » dit-elle en réajustant sa mèche rebelle comme d’accoutumée.
« Ne dis pas n'importe quoi. Si ça ne me convenait pas, je ne l'aurais pas fait. »
« Les biscuits sont restés avec le sucre dans la cuisine... Ils doivent se sentir bien seuls. Je vais les ramener. » ajouta-t-elle en portant son regard dans la cuisine.

Alessa se leva pour aller chercher ce qu'elle avait énuméré quelques secondes plus tôt. Frantz aurait préféré qu'elle reste tranquillement sur ses genoux pour qu'il puisse profiter d'elle et de son contact. Surtout qu'il ne prenait pas de sucre dans son café et qu'il venait juste sortir de table. Les biscuits seraient donc de trop pour son ventre après cette énorme choucroute, il n'allait donc pas en prendre... Ou alors un petit pour faire plaisir. La demoiselle voulait jouer à l'hôte accueillante et elle devait sûrement en avoir envie. Elle revint avec ses biens en main, les posa sur la table basse qui se tenait à leurs pieds et s'assit à la gauche du chérubin. Les fesses posées, elle noya un sucre dans son café et commença la cérémonie du touillage de cuillère.

« N'étais-je pas assez confortable à ton goût ma gente dame ? » fit-il ironiquement.

Il savait très bien que c'était parce qu'elle ne voulait pas le déranger, ou parce qu'elle devait se croire trop lourde pour lui. Or, ce n'était pertinemment pas le cas et même tout le contraire. Il ne demandait que ça... Mais ils venaient juste d'officialiser leur couple et il n'allait pas l'obliger à venir sur lui à chaque fois, ni l'obliger à le coller ou l'embrasser. Il ne demandait que de la tendresse, mais il ne voulait pas être trop envahissant et la rebuter.

« Tu t'es déjà préparé pour cet après-midi ? Je veux dire côté paperasse ou entretien... »

Puis elle prit une gorgée de café avec un regard très malicieux.

« Non je n'ai rien préparé, mais bon je connais le métier. Comme tu le sais, je l'ai déjà pratiqué et comme ils cherchent quelqu'un, je ne devrais pas avoir trop de problèmes. Au pire je lui ferais mon petit cocktail spécial et il sera obligé de me donner ce job ! »

Il espérait avoir convaincu sa compagne, car lui-même ne l'était pas vraiment. Le futur entretien le stressait beaucoup, car il n'avait pas de travail, d'argent, d'endroit ou dormir ! Et avec ce travail, il pourrait subvenir à ses besoins. En vérité, il n'avait travaillé que quelques mois, très vaguement et à mi-temps, pour remplacer quelqu'un dans un petit bar de campagne. Il n'était donc pas un vrai barmaid. Il connaissait les bases, les cocktails, ainsi que le sens du service. Mais il ne savait pas jongler avec les bouteilles comme les grands de ce métier, ni particulièrement mettre l'ambiance. Il escomptait que cela lui suffirait pour être pris, en tout cas il ferait ce qu'il faut pour l'obtenir.

« Si tu veux, je peux t'aider à réviser. Je ne suis pas forcément une bonne ''maîtresse'', mais je connais les bases de la langue française. »

« Pas une bonne maîtresse hum, tu me laisseras vérifier cela par moi-même... » fit-il avec un regard pervers. « Sinon oui, je sais que ton niveau de français écrit et oral est bien meilleur que le mien tu m'as souvent aidé et je t'en remercie. Grâce à toi maintenant mon français est devenu bien meilleur que mon Allemand. Me présenter, ça je sais faire, après je ne vois pas trop ce qu'on pourrait me demander à coté. Si tu as des idées de questions, vas-y fais toi plaisir, dis les moi. Ca pourra que m'aider... Je reviens, je vais aux toilettes. »

Il engloutit son café d'une traite, embrassa sur la bouche Alessa, se leva et partit en remuant les fesses exagérément de droite à gauche comme si la route n'était pas droite. Bien sûr, cela bien en vue des yeux de la fouine. Après avoir fait le pourquoi il était parti du canapé, il revint à la place qui lui était attribuée.

« Alors tu as trouvé des questions ? Et on pourrait tourner ça en strip-question, je pense que le terme te met déjà la puce à l’oreille sur le principe. Chaque question que je jugerai très pertinente j’enlèverai un vêtement, et bien sûr, à chaque réponse que tu jugeras pertinente tu feras de même... »

Frantz laissa planer sa phrase quelques instants.

« Non ne t'en fait pas je te taquinais ! Par contre si j’obtiens le poste, je t'offre une pose de dieu du stade avec un cocktail comme guise de ballon de rugby pour cacher ! Et tu seras libre ou pas de venir le boire... » fit-il en la regardant droit dans les yeux.

« N'étais-je pas assez confortable à ton goût ma gente dame ? » avait ironisé Frantz lorsque la femme-fouine s'était assise à côté de lui.

S'abstenant de lui répondre, l'hybride s'était contenté d'esquisser un sourire en coin. N'avait-il donc pas saisi qu'elle le faisait languir ? D'après ce qu'elle avait compris durant son vivant, le priver de contact allait le faire rager au point qu'il en devienne collant... Ce qui n'était pas pour déplaire à la brunette ! Elle, qui aimait la tendresse ou les caresses, aurait donné n'importe quoi pour être dorlotée dans ses bras. Quand elle imagina les doigts de l'ange glisser dans sa tignasse, elle sentit sa queue remuer de plaisir. Comme tous les animaux plus ou moins domestiqués, elle adorait être touchée.

« Non je n'ai rien préparé, mais bon je connais le métier. Comme tu le sais, je l'ai déjà pratiqué et comme ils cherchent quelqu'un, je ne devrais pas avoir trop de problèmes. Au pire je lui ferais mon petit cocktail spécial et il sera obligé de me donner ce job ! »

A vrai dire, elle ne se souvenait que vaguement de cette histoire de barman. Il lui avait surtout parlé de ses études et de ses passions. C'est donc pour cela qu'elle n'avait qu'un petit souvenir de ce fameux job. Quoi qu'il en soit, il avait l'air sûr de lui, ce n'était donc pas si mal parti ! Comme il l'avait affirmé, l'île cherchait à pourvoir des postes, il avait donc toutes ses chances en ayant déjà travaillé dans le milieu. Frantz n'était pas idiot, loin de là. Plutôt débrouillard, elle était persuadée qu'il apprendrait sur le tas.

« Je l'espère pour toi. » murmura-t-elle d'une façon presque inaudible.

Attentive, elle observa le vide en imaginant son compagnon derrière un comptoir. Cela n'avait rien à voir avec sa formation, néanmoins il fallait bien commencer quelque part ! Ce travail pouvait lui plaire, il était possible qu'il s'épanouisse dans cet univers festif. Après avoir songé à Frantz en train de shaker des boissons colorées, la brune prit une nouvelle gorgée de café... Qu'elle faillit recracher ! En effet, l'angelot lui avait carrément affirmé qu'il testerait ses talents au lit. Il était bien sûr de lui... Certes, elle était loin d'être contre, mais elle ne pensait pas que cette envie le démangeait autant ! Une fois ressaisit, elle l'écouta la remercier au sujet de son aide quand il était en train de peaufiner son apprentissage en français. Il était curieux qu'il ne comprenne pas le faire qu'elle parle d'échange langoureux et qu'il rebondisse plus le terme maîtresse.

« Me présenter, ça je sais faire, après je ne vois pas trop ce qu'on pourrait me demander à coté. Si tu as des idées de questions, vas-y fais toi plaisir, dis les moi. Ca pourra que m'aider... Je reviens, je vais aux toilettes. »

A ces mots, il la quitta en remuant le postérieur de façon exagérée. Cela la fit rire. Bien qu'elle ricanait en finissant sa boisson chaude, elle prit bien le temps de mater ce qu'elle avait sous les yeux. Il ne valait mieux pas qu'il la pousse dans ce jeu, elle irait sans doute encore plus loin que lui...

« Alors tu as trouvé des questions ? » questionna-t-il en reprenant sa place. « Et on pourrait tourner ça en strip-question, je pense que le terme te met déjà la puce à l’oreille sur le principe. Chaque question que je jugerai très pertinente j’enlèverai un vêtement, et bien sûr, à chaque réponse que tu jugeras pertinente tu feras de même... »

Stupéfaite, elle le fixa avec un regard interloqué. Quelques questions lui virent à l'esprit, cependant cela n'aurait pas été suffisant pour qu'il finisse en caleçon !

« Heu... Tu ne devrais pas me lancer là-dedans... »
« Non ne t'en fait pas je te taquinais ! Par contre si j’obtiens le poste, je t'offre une pose de dieu du stade avec un cocktail comme guise de ballon de rugby pour cacher ! Et tu seras libre ou pas de venir le boire... »

Après quelques instants, la semi-fouine se décida à parler. Elle avait eu du mal à comprendre que son compagnon lui avait bel et bien proposé de ''boire à même son corps''... Et bien, il se lâchait vraiment ! Etait-ce l'effet -retardé- de l'alcool qu'ils avaient bu au restaurant, ou bien était-ce une envie refoulée qu'il osait enfin avouer ? Quoi qu'il en soit, entendre ce genre de propos lui permit d'imaginer très bien la scène. Elle se visualisa nue et à genoux, les cheveux calés sur une épaule pour ne pas les avoir en plein visage, la langue léchant l'anatomie devant elle, ses lèvres glissant plus ou moins rapidement, s'enfonçant relativement loin pour avoir plus de chair dans la bouche... A cette idée, ses joues virèrent au cramoisi.

« Si je comprends bien, je suis donc obligée d'attendre que tu aies ton travail pour te faire plaisir ? Très bien, je vais devoir te prendre au mot alors... »

D'un air taquin, la jeune femme posa son index sur l'entrejambe de Frantz. Tout en le regardant dans les yeux, elle traça de façon appuyée des petits cercles dessus. Son sourire amusé et ses rougeurs ne quittaient pas son visage. Progressivement, son doigt fut rejoint par les autres, jusqu'à ce que sa main malaxe le jean de son aimé... Néanmoins ce geste ne dura pas longtemps, car elle interrompit toute activité après avoir senti un léger gonflement.

« Pardon, ça m'a échappé. Je ne dois donc pas te toucher avant que tu sois accepté... Hum. Qu'il en soit ainsi. »

Elle quitta le siège pour se diriger vers la cuisine. Sa démarche était exactement la même que le chérubin : une cadence suave, un déhanché bien marqué et les fesses légèrement en arrière.

« Ayant tout bu, je vais chercher du café... »

Avant d'entrer dans la pièce, elle s'appuya contre la porte d'une façon terriblement indécente.Sa chevelure un peu emmêlée cascadait dans tous les sens, lui donnant alors un air sauvage. Sur le chemin, elle avait à peine tiré sur son pull, mais cela accentuait son décolleté. Cela aurait pu être presque anodin si son rictus greffé à ses lèvres n'était pas aussi taquin. Elle affichait un sourire provocateur que l'on pouvait aisément traduire.

« Tu en re-veux ? » lança-t-elle en le scrutant intensément.

« Si je comprends bien, je suis donc obligée d'attendre que tu aies ton travail pour te faire plaisir ? Très bien, je vais devoir te prendre au mot alors... »

A ces mots l'ange se demanda où il avait bien pu dire cela ! Car à part lui avoir proposé une pose érotique pour fêter son travail, il n'avait rien dit du genre. Il se dit que ce devait être une tournure ironique, une façon de mieux surenchérir dans la provocation ou de se jouer de lui. Lorsque l'index de sa compagne se posa sur son membre masculin, Frantz resta bouche bée. Il ne s'attendait pas du tout à cette réaction. D'ailleurs, il pensait avoir plutôt fait peur à Alessa qu'autre chose avec ses précédentes propositions... En fait, elle avait du le prendre pour un gros pervers en manque.
Lorsque l'ange y repensa, il se demanda comment il avait osé dire cela, surtout qu'ils venaient tout juste quasiment d’être ensemble. Et après des retrouvailles dans un haut delà, il y était certainement allé un peu fort en rentre dedans... Peut-être était-ce le fait d’être dans l’appartement de celle-ci ? Peut-être la peur de la reperdre et de vouloir la conquérir au plus vite ? Mais le plus plausible était tout de même tout ce temps refoulé à la désirer. Il pouvait enfin se libérer tel un serpent sortant de sa tanière pour mordre sa cible. Mais visiblement la victime n'était pas celle qu'il croyait être. En effet l'hybride avait parfaitement inversé les rôles et gérait parfaitement la situation du bout du doigt. Le reste de ses doigts ne fut pas long à rejoindre l'index solitaire, reprenant le mouvement initial, plus intensément que ce soit en vitesse ou en pression dessus. Cela ne faisait que renforcer la sensation d'être touché et son désir.
Il ne fallut pas beaucoup d'imagination et surtout de temps à l'angelot pour s'imaginer retourner la semi-fouine sur le canapé, déchirer ses vêtements et commencer des allez-retour en elle, ne voyant que son dos, avec son postérieur bien cambré pour plus de facilité. Son anatomie commençait à très sérieusement se faire la sensation du massage de sa partenaire. Elle arrêta assez vite ses mouvements, ce qui fit pousser un petit soupir de soulagement au chérubin. Si cela aurait continué il aurait certainement perdu le contrôle de ses pulsions sexuelles et aurait tenté d'en avoir recours.

« Pardon, ça m'a échappé. Je ne dois donc pas te toucher avant que tu sois accepté... Hum. Qu'il en soit ainsi. »
« Oui tu n'as pas du tout fait exprès, tu as dû glisser voyons, je comprends très bien. Dommage que tu aies repris si vite ton équilibre ou justement pas assez perdu... Si c'était le cas, peut-être tout ton poids serait tombé. »

La tripoteuse quitta le canapé pour se diriger dans la cuisine. Elle tordait ses fesses comme l'avait fait auparavant le jeune homme, mais son dandinement était encore plus extravagant avec une touche de sensualité provocante.

« Ayant tout bu, je vais chercher du café... » fit-elle le dos tourné à l'ange.

Ses paroles lui passèrent au dessus, il voyait juste ses lèvres bouger, car il était plongé dans son déhanché voluptueux en mouvement. Puis elle s'appuya contre la porte. On aurait presque dit une pose que les filles ont dans les magasines de camionneurs, avec un décolleté assez prolongé. Elle ressemblait à une tigresse portant un large sourire aguicheur qui en disait long...

« Tu en re-veux ? » lança-t-elle en le scrutant intensément.
« Ca dépend de ce que l'on parle. Personnellement j'ai une idée sur ce que je voudrais bien encore... Enfin re-veux » dit-il d'une voix roque. « Oui, je reprendrais bien un petit café si tu peux me prendre la cafetière merci. »

En même temps qu'il parlait, l'ange était en train de déboutonner son jean. Une idée venait de lui frapper l'esprit avec les précédentes provocations de la fouine, il les pousserait donc un peu plus loin. Le risque était bon à prendre et si les actions marchaient, les récompenses seraient bien plus que excitantes ! Il attendit donc qu'elle se retourne, ceci fait, il se leva d'un coup enleva son jean déjà ouvert, se dirigea dans la cuisine tout en enlevant son t-shirt pour se retrouver en boxer à l'entrée de celle-ci. Le stress montait à chaque pas, chaque mouvement qu'il faisait. Comment allait-elle bien pouvoir réagir ? Frantz avait bien une idée de comment lui voulait que ça se passe, mais Alessa était tellement imprévisible. Il baissa les yeux et vit que seul le haut de son corps était baissé, le reste étant à l’inverse en direction du haut. Il avait peur d'affronter le regard de sa chérie scrutant son corps nu, peur que celui-ci ne le plaise guère, peur qu'il ne lui plaise finalement pas et de tellement d'autres choses... Il n'arriva qu'à murmurer tout bas une petite phrase :

« Alors tu n'as pas le droit de me toucher avant le boulot. »

Il savait bien que les femmes aimaient les hommes sûrs d'eux, mais il n'arrivait pas à faire mieux que cela dans cette situation assez embarrassante pour lui. Frantz se faisait tout un tas de scénarios dans sa tête depuis le commencement, cela se chamboulait de tous les cotés ! Il voyait bien cet acte comme le début du dernier chapitre de leur officialisation particulière.

Contre toute attente, Frantz s'était pris au jeu. La semi-fouine était intriguée. Non seulement il l'avait laissée faire, mais en plus il avoua qu'il aurait voulu qu'elle continue :

« Oui tu n'as pas du tout fait exprès, tu as dû glisser voyons, je comprends très bien. Dommage que tu aies repris si vite ton équilibre ou justement pas assez perdu... Si c'était le cas, peut-être tout ton poids serait tombé. »

Que voulait-il dire par tout son poids qui tombe ? Bien qu'elle n'en comprenne pas la signification, l'idée, elle, était très claire. Pendant qu'elle restait appuyée à la porte avec le regard aguicheur, l'hybride imagina une suite à cette provocation. Des baisers passionnés, des griffures le long du dos, des membres qui s'entre-choquent, d'autres qui ne font qu'un... A présent, elle était toute émoustillée par le cours des événements. Toutefois était-ce raisonnable ?

« Tu en re-veux ? »
« Ca dépend de ce que l'on parle. Personnellement j'ai une idée sur ce que je voudrais bien encore... Enfin re-veux... Oui, je reprendrais bien un petit café si tu peux me prendre la cafetière merci. »

Ravie qu'il ne soit pas insensible à ses avances, la jolie brune se dirigea vers la cuisine pour prendre la cafetière. Arrivée devant la machine, elle se demanda tout de même s'il fallait vraiment qu'elle retourne dans le salon. L'angelot était ce dont elle avait envie. Il était l'homme qu'elle avait passé son temps à charmer avant et après leur mort. Face à son regard pénétrant, il était difficile de résister à sa compagnie... La jeune femme aurait pu passer des heures à le scruter, l'écouter parler et à le voir sourire. Or, le garçon semblait avoir les mêmes attentes qu'elle. Il suffisait de voir avec quelle rapidité il avait réagi à ses caresses... Pourtant, était-il bien sage de poursuivre ce geste ou d'y ajouter ses lèvres ? En tout cas, elle en avait envie autant que lui. Un bruit de pas attira son attention, ce qui la força à se retourner. Ce qu'elle vit failli lui faire lâcher la cafetière ! L'être divin était tout près d'elle, immobile et quasiment nu. Il était difficile de ne pas loucher sur la bosse dissimulée sous le seul morceau de tissu qu'il lui restait.

« Alors tu n'as pas le droit de me toucher avant le boulot. »

Ses propos furent déclarés d'une façon si faible qu'elle dut presque réfléchir à ce qu'il venait de dire. Apparemment, il était plus que gêné par la situation, mais cela ne l’empêchait pas d'être presque en tenue d'Adam... Finalement, Alessa esquissa un sourire vicieux et passa à côté de son compagnon comme si le voir en caleçon l'indifférait presque. Au passage, elle lui administra une petite claque sur les fesses et déclara :

« Tu ne devrais pas me montrer tout ça. Je pourrais avoir envie de prendre mon goûter avant l'heure... »

Rouge pivoine, elle lutta pour ne pas regarder plus attentivement ce qu'elle avait sous les yeux. Frantz avait vraiment un beau corps : des fesses bien musclées mises en évidence sous son bas, pas trop de poil -ou du moins pas assez pour ressembler à un chimpanzé-, une peau claire qui semblait douce... Ses muscles légèrement visibles retinrent également son attention : il y en avait juste assez pour la combler. Un garçon fin comme une brindille ne la dérangeait pas, par contre elle avait du mal avec les hommes bodybuldés ! Non, non, l'ange était tout simplement à son goût ! Sans oublier ce qu'elle avait vu dans la cuisine : un membre redressé qui n'attendait que la suite des événements...

« Je te sers une demi-tasse, libre à toi d'en rajouter. » expliqua-t-elle en joignant le geste à la parole.

En y repensant, elle aurait bien voulu tirer sur ce vil morceau de tissu qui dissimulait l'anatomie du chérubin... Mais après, elle n'était pas certaine d'en rester là... Depuis longtemps, leur amitié avait évolué vers l'attraction et le désir. Si bien que la jeune femme s'était imaginée plus d'une fois dans les bras de son camarade. Par ailleurs, si elle écoutait ses pulsions, elle serait en ce moment-même en train de goûter au ''fruit défendu''... Malgré tout, quelque chose la retenait : elle avait non seulement peut de passer pour une fille facile, mais en plus elle craignait qu'il fuit après sa petite besogne. Maintenant qu'elle s'était ouverte, elle ne voulait plus se retrouver seule sur cette île. Elle ne supporterait plus ces nuits à pleurer sous ses draps, à se réveiller en sueur avec les cils collés par le sel de ses larmes.

« En fait, ça m'ennuierait beaucoup si je ne te revois plus... Et j'ai peur que ce soit le cas une fois que tu as obtenu ce que tu désires... » avoua-t-elle en s’assaillant en tailleur sur le canapé.

Cette révélation allait sans doute refroidir leur deux envies, mais elle avait besoin de cette réponse pour continuer dans cette voie.

« Je te connais un peu, je sais donc que ce n'est pas ton genre... »

Après hésitation, elle finit par se lever pour aller se coller à celui qu'elle aimait. Ses lèvres vinrent dévorer les siennes avec tendresse, tandis que ses doigts jouaient avec sa chevelure.

« Mais ça m'effraie, c'est tout... »

Sa tête vint se lover sur l'une des épaules de Frantz qu'elle câlina en silence. Sa présence la rassurait. Ainsi calée, elle pouvait humer son odeur et profiter de sa chaleur. Elle espérait que cette chaleur, elle la goûterait bientôt... Ses pulsions s'étaient un peu calmées, cependant elle avait toujours cette petite envie qui lui titillait le ventre. Elle savait que le moindre geste sensuel de la part de son compagnon suffirait à lui ramener l'envie de se faire posséder corps et âme.

» An Cafe ~
» Frantz Heinrike